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"Chevaliers des touches" - un blog pour écrivants

Un blog où l’on parle cuisine de l’écriture. Papiers, ciseaux, stylos, claviers. MW

Vous y trouverez : des textes de MW sur son métier d’écrivain, des propositions d’exercices d’écriture et les textes et commentaires des participants au blog.


Martin Winckler - P.O.L Editeur

Les ouvrages de Martin Winckler chez P.O.L : La Vacation, La Maladie de Sachs, Légendes, Plumes d’Ange, Les Trois Médecins, Histoires en l’air, Le Chœur des femmes, En souvenir d’André


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Femmes, genre et santé (brouillon de la conférence)
Université de Toulon, 15 mars 2016
Article du 10 avril 2016

Brouillon de la conférence donnée à Toulon le 15 mars 2016 à l’invitation de Mme la Pre Martine Sagaert et du groupe de Recherche Babel.

********************

Les deux déterminants de la santé sont
  les inégalités inhérentes au hasard génétique
  les inégalités sociales, culturelles, environnementales

Nous ne sommes pas égaux par le génome (et l’immunité)
Nous ne sommes pas égaux par les conditions dans lesquelles nous naissons et vivons. Plus un pays est hiérarchisé et inégalitaire, plus les différences en matière de santé sont grandes.

Les inégalités et iniquités liées au genre sont à la croisée de ces problèmes.

Génétiquement parlant (biologiquement) hommes et femmes ne sont pas « construits » de la même manière, leur physiologie et leur psychologie fonctionnent de manière différente.
Socialement parlant, femmes et hommes ne sont pas « construits » - et par conséquent traités (estimés, considérés) de la même manière ; leur place dans le monde varie beaucoup. Il y a des pays/des régions plus égalitaires que d’autres (le Canada…) et ça se voit dans le traitement des femmes. Cela étant, même dans les pays égalitaires il peut y avoir de grandes inégalités (le Canada et le traitement des peuples autochtones)

Au départ, les professionnels de santé ont un objectif simple : faire en sorte que les personnes dont ils s’occupent se sentent mieux après les avoir vus qu’avant.
Implicitement, cet objectif vise à atténuer, au mieux à rectifier les iniquités de départ. Par conséquent, un.e professionnel.le de santé devrait contribuer à réduire les inégalités, et non à les entretenir ou à les aggraver. C’est un enjeu moral extrêmement ambitieux, qui peut pourtant être poursuivi de manière simple et peu spectaculaire, mais déterminante pour les personnes qui en bénéficient.

(Exemple de la « patiente alpha »)

La santé des femmes est au croisement de ces problématiques
  la physiologie des femmes est plus complexe que celle des hommes et le poids de la reproduction est plus élevé pour elles (elles portent la prochaine génération)
  en raison de leur rôle crucial dans la reproduction, les pressions psychologiques et sociales qui s’exercent sur elles sont plus grandes (dans les sociétés inégalitaires, le rôle des femmes est au pire assimilé à celui d’esclaves sexuelles des hommes)
  les femmes consultent à la fois pour des raisons physiologiques et pathologiques ce qui conduit à s’interroger sans cesse sur la question de la « norme » (SPM, SDPM)
  les femmes consultent pour elles, mais aussi pour leurs parents/enfants/conjoints
  OR, les médecins sont porteurs/héritiers/formés dans l’idéologie dominante ; beaucoup l’appliquent et la perpétuent ; peu la contestent (par auto-préservation de leurs privilèges/prérogatives).
  toute « déviation » de la « norme » édictée par l’idéologie médicale (ou psychiatrique, ou psychanalytique) est considérée comme devant être rectifiée/ « normalisée » : anatomie (intersexualité), préférences sexuelles (homosexualité ou asexualité), type de cycle, âge de la fertilité, grossesse, désir ou non d’enfant, image de soi (transsexualité)
  DE CE FAIT, parce que les femmes consultent plus que les hommes (et DOIVENT ou sont poussées fortement par la société à consulter des médecins) elles sont soumises plus que les hommes aux arbitraires défendus par les professionnel.les de santé (et donc, par l’idéologie/la politique dominante)

La science n’a que faire des « normes ». A des lois générales correspondent des variantes innombrables. (La loi de la gravitation produit des gravités variables d’une planète à une autre ; les modifications des conditions environnementales modifient les espèces)

Sexe anatomique, perception de soi, intensité de la libido, fertilité et préférences sexuelles ne sont pas des « données fixes », mais des variantes sur un continuum qui va d’un extrême à l’autre. Le « curseur » est réglé différemment pour chacun.e (exemples de la taille, de la couleur des cheveux ou de la peau, de la température basale, de la durée du cycle, etc.) Un article récent montre que les gènes ne codent pas pour le sexe anatomique ou physiologique. Et les poissons changent de sexe.

Le soignant bénéficie d’un statut favorable et d’une confiance très grande. Mais aussi de privilèges importants (savoir, réseau, influence). Statut et privilèges s’accompagnent d’obligations qui ne sont pas moins grandes :

Comprendre, identifier et compenser les inégalités liées à la biologie (génétique)
Identifier, dénoncer et réduire les inégalités liées à l’environnement familial et social.

Les professionnel.les de santé sont tiraillé.es entre deux pressions opposées : le désir de vivre et survivre (et de le faire pour leur entourage) et leur désir d’altruisme ; ces deux désirs sont inhérents à notre « nature humaine », mais ils sont contradictoires. Et inégalement répartis. Certains se donnent entièrement aux autres, au point de sacrifier leur propre survie. D’autres utilisent le statut et les privilèges de leur profession pour favoriser leur épanouissement personnel (et celui de leur entourage).

Ces deux extrêmes sont incompatibles avec le soin.

Un soignant qui se donne entièrement aggrave les inégalités en sa défaveur (et en défaveur de son entourage).
Un professionnel qui ne travaille qu’à son profit aggrave les inégalités de ceux-là même qu’il est censé aider.

Les obligations morales des soignants ont été énoncées depuis longtemps aussi bien dans le serment d’Hippocrate que dans des enseignements religieux comme le Talmud. Ces obligations font aussi partie de notre « nature humaine » en ce qu’elle découlent de notre tendance naturelle à la coopération – au fait de soigner nos proches et les membres de notre « groupe » (150 personnes).

Mais l’obligation morale ne peut pas venir seulement des professionnel.les. Elle doit être intégrée, définie, répétée, exigée par le public, individuellement et collectivement, afin de « sélectionner » les professionnels les plus susceptibles d’être de vrais soignants – càd ni des opportunistes, ni des obsessionnels.

Ça demande beaucoup d’efforts de la part des patients : il est difficile de voir le monde de manière rationnelle car nous sommes des êtres de sentiments et d’émotions. Si nous acceptons de rejeter l’idée des fantômes ou des esprits – ou d’un dieu tout-puissant – alors, nous sommes seuls face à l’absurdité de la vie. Et il est difficile de congédier le shaman, le sorcier, l’homme médecine car, alors, qui nous protègera de la maladie ?

Nous devons choisir entre rester enfermés dans nos croyances, nos sectes, nos peurs, nos préjugés ou nous en extraire pour coopérer de manière plus lucide. Car le sectarisme renforce toujours la cohésion d’un groupe aux dépens de ceux qui ne s’insèrent pas. Ceux qui « sortent de la norme ». (Dans Transparent, l’histoire des festivals de femmes fermés aux personnes transgenre)

Et je recommande vivement la série « Call the Midwife » pour comprendre ce qu’est la vie des femmes quand elle n’est pas médicalisée à outrance.

Il semble malheureusement que l’amélioration de la santé – et du niveau de vie – des femmes passe par une plus grande médicalisation de leur santé. Il serait plus juste que les femmes utilisent les progrès de la médecine pour améliorer leur santé, sans être contraintes à s’assujettir aux « normes » édictées par le corps médical. Et pour cela, il est nécessaire qu’elles critiquent activement les directives de santé qu’on leur impose – depuis la sommation d’avoir des enfants en passant par la médicalisation de l’accouchement jusqu’au vaccin anti-HPV qu’on leur demande vivement d’imposer à leurs filles.

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