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L’éthique dans les séries télé : une émission radio hebdomadaire en ligne sur Radio Créum

Voir aussi :

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Qu’est-ce qu’une légende urbaine ?
"Odyssée", France Inter, 26 décembre 2002
Article du 28 novembre 2004

Deux adolescentes entrent dans un établissement de restauration rapide pour y consommer un hamburger et des frites. Parmi ses frites, l’une d’elles découvre... un doigt humain.

Un homme drague une somptueuse créature dans un bar. Le lendemain, après une nuit de débauche, il se réveille avec une douleur épouvantable au côté : on l’a anesthésié, opéré et on lui a volé un rein.

Un jeune garçon new-yorkais élève un crocodile dans sa baignoire. Sa mère le somme de le débarrasser de l’animal. Il le jette dans la cuvette des toilettes et depuis, on chasse le crocodile - ou le caïman, ou l’alligator, c’est selon - dans les égoûts de la Grosse Pomme.

Ces trois histoires parfaitement fausses que vous aviez peut-être entendues raconter auparavant et qui vous ont peut-être fait frissonner cinq minutes sont des légendes urbaines. Une légende urbaine, c’est un conte, un bobard, une fable, qui apparaît un jour en se faisant passer pour vraie puis réapparaît sans cesse sous des formes différentes. Elle contient en général des éléments effrayants ou grotesques et la plupart se construisent à partir d’éléments au moins plausibles.

La légende urbaine n’est pas l’apanage de l’Amérique. La légende des tatouages autocollants enduits de LSD a fait des ravages parmi les parents et les enseignants de l’hexagone... alors même que le LSD ne traverse pas la peau !
Plus sinistre, ce qu’on a appelé la rumeur d’Orléans, en 1969, racontait que des jeunes femmes étaient chloroformées dans les cabines d’essayage de magasins de vêtements pour être livrées à la traite des blanches. L’histoire ajoutait qu’elles étaient expédiées en Orient via un sous-marin circulant dans la Loire, ce qui, étant donné la navigabilité du fleuve en question, aurait dû mettre la puce à l’oreille des moins sceptiques.

Bref, vous l’avez compris, une légende urbaine, c’est une rumeur, la version populaire de la fausse nouvelle qu’on raconte avec un mélange de fascination et d’incrédulité devant la machine à café. Ces fausses nouvelles ont surtout pour effet de faire frissonner les personnes un peu crédules. Mais les fausses nouvelles institutionnelles, en revanche, sont destinées à alimenter les propagandes en cas de conflit... ou de menace de conflit et peuvent à long terme, asseoir une vision du monde - d’autant plus qu’elles sont véhiculées par des vecteurs très puissants : la radio, la télé, les journaux.

Une information fausse ou une « version officielle » peuvent ainsi, au fil du temps, se transformer en pseudo-vérité historique. Ainsi, les auteurs du XIXe siècle ont forgé et nous ont laissé en héritage une image fallacieuse du Moyen-âge : celle d’un millénaire d’obscurantisme. Il aura fallu attendre en particulier l’historienne Régine Pernoud et son livre : Pour en finir avec le Moyen-Âge, pour que le grand public apprenne que l’Age sombre en question était en réalité un âge de lumières.

William Shakespeare, le grand dramaturge en personne, inspiré par un historien royal quelque peu orienté, a fait de Richard III d’Angleterre un roi cruel, manipulateur et assassin. Quatre cents ans plus tard, l’écrivain Josephine Tey rétablit la vérité historique au sujet de Richard dans un beau roman intitulé La fille du Temps. Josephine Tey était historienne, ce qui ne l’empêchait pas d’écrire des romans policiers. Elle savait que parfois, on peut trouver la vérité dans la fiction. Tout dépend des intentions de l’auteur.

Pour en finir avec le Moyen-âge, Régine Pernoud. « Points », Seuil
La fille du Temps, Josephine Tey, 10/18

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