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- Dix idées reçues sur la contraception
- Tout ce qu’il faut savoir (ou presque) sur l’implant contraceptif
- Tout ce que les femmes doivent savoir pour se faire poser un DIU (" stérilet ")
- J’ai arrêté ma contraception il y a quelques semaines et je ne suis toujours pas enceinte. Que se passe-t-il ?
- La légende du DIU et des anti-inflammatoires
- Je n’ai pas (encore) d’enfant. Puis-je utiliser un DIU ("stérilet") ?
- Diane 35 et ses génériques : le principal risque, c’est la grossesse non désirée...
- Comment s’y retrouver, parmi toutes ces pilules ?
- La pilule : Comment la prendre ? Que faire quand on l’oublie ? (version mise à jour)

Contraception et gynécologie > Les règles, le cycle, la fertilité >


Les règles : en avoir ou pas ? Des questions et des réponses !!!!
par Martin Winckler
Article du 17 octobre 2008

Beaucoup de lectrices du site posent régulièrement des questions sur les liens entre la contraception et les règles, et sur la place de ces dernières dans leur vie. Normales ? Pas normales ? Régulières ? Pas régulières ? Abondantes ou minimes ?
En fait, il n’y a pas de norme. La norme, c’est la femme elle-même.

Toutes les connaissances actuelles montrent que l’absence de règles chez les femmes porteuses d’un implant, ou d’un DIU hormonal, ou lorsqu’une femme prend sa pilule en continu, n’a aucune incidence sur la santé, pas plus que l’absence de règles n’est dangereuse pour... les femmes enceintes !.

L’article qui suit s’efforce de répondre au maximum de questions concernant les règles, de manière aussi utile et dédramatisante que possible, et montre qu’en ce qui concerne les règles, les femmes ont aujourd’hui la possibilité de choisir, sans danger, d’en avoir ou pas.


Vous aviez des questions sur les règles, le cycle, la fécondité, le syndrome prémenstruel, etc. ? Vous trouverez les réponses dans [un livre aujourd’hui disponible sur ce site] !!!

Lisez "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les règles"

Avertissement (Janvier 2022)
Le livre dont le PDF est disponible ci-dessus date de 2008.
Les notions scientifiques évoluent rapidement. Certains passages de ce livre sont donc périmées.
J’attire en particulier votre attention sur les pages concernant l’endométriose, que je n’écrirais plus de la même manière aujourd’hui.
Si ce sujet particulier vous intéresse, je vous invite à lire les livres de Marie-Rose Galès, en particulier "Endométriose mon amour" et à écouter son podcast (qui porte le même nom).


Lisez aussi l’article sur les coupes menstruelles


 Pourquoi les femmes ont-elles des règles ?

Les règles sont un phénomène cyclique intimement lié à l’ovulation :
Voici, schématiquement, ce qui se passe pendant le cycle menstruel :

Un cycle menstruel, c’est le temps qui sépare le premier jour des règles du premier jour des règles suivantes. Certaines femmes ont des cycles courts (21-23 jours), d’autres longs (35 jours), d’autres un cycle de 28 jours, d’autres un cycle irrégulier et imprévisible.

Rassurez vous, l’immense majorité des femmes n’a PAS un cycle de 28 jours mais ça ne les empêche pas d’être parfaitement saines et fertiles - même si certains médecins disent le contraire...

En supposant que vous ayez un cycle régulier de 28 jours (mais le principe est le même, à quelques jours près, si votre cycle est de 25 ou de 35 jours), voici ce qui se passe :

1° Pendant la première partie du cycle (14 jours) les hormones fabriquées par l’ovaire préparent l’ovulation et épaississent l’endomètre (la paroi intérieure de l’utérus) ;

2° au bout de 14 jours, l’ovaire subit une forte « décharge » d’hormone qui lui fait émettre un ovocyte (cellule féminine de la reproduction) ; cet ovocyte passe de l’ovaire dans la trompe de Fallope, un conduit qui communique avec l’intérieur de l’utérus

si la femme n’a pas eu de rapport sexuel non protégé à ce moment-là, l’ovocyte meurt au bout d’une journée. L’ovaire continue à fabriquer des hormones pendant environ 15 jours, puis ces hormones cessent d’être secrétées. L’endomètre, ne recevant plus d’hormones, se "détache" et est évacué : ce sont les règles.

si la femme a eu un rapport sexuel non protégé dans les jours qui précèdent l’ovulation, les spermatozoïdes sont déjà dans la trompe et l’un d’eux s’unit à l’ovocyte ; l’ovule (ovocyte+spermatozoïde) est ensuite transporté vers l’utérus et s’implante dans l’endomètre (la paroi intérieure de l’utérus) ; lorsqu’il s’implante, l’ovule fabrique des hormones qui prennent le relais de l’ovaire pour entretenir la paroi de l’endomètre : il n’y a donc pas de règles car l’endomètre « tient » (il est indispensable au développement de l’embryon).

En résumé : Pour qu’une femme ait des règles, il faut
 1° qu’elle ait fabriqué, quinze jours avant, un ovocyte,
et
 2° que cet ovule n’ait pas été fécondé par un spermatozoïde
.

Donc :
- ovulation sans fécondation => règles --- c’est ce qui se passe quand il n’y a ni contraception, ni grossesse. Comme le formule une de mes collègues, conseillère conjugale, "Les règles, c’est quand l’utérus « change de couette » en attendant une prochaine ovulation et une éventuelle grossesse". C’est aussi ce qui se passe avec le DIU au cuivre : la femme ovule, mais le cuivre tue les spermatozoïdes avant que l’ovule soit fécondé. Les utilisatrices de DIU au cuivre ont donc des règles parce qu’elles ne sont pas fécondées. En effet, le DIU a une action spermicide, et non "abortive". S’il était abortif, elles auraient constamment des retards de règles en attendant l’ "avortement précoce" dont parlent les opposants au DIU. Mais les porteuses de DIU ont leurs règles naturelles à l’heure...

- ovulation suivie d’une fécondation => pas de règles --- c’est ce qui se passe pendant la grossesse ;

- pas d’ovulation => pas de règles --- c’est ce qu’on observe lorsque une femme n’a pas d’ovulation(s) pour une raison spécifique (puberté retardée, cycles longs, problèmes de santé, ménopause...) ou si elle prend une contraception hormonale sans interruption. Alors, certes, quand une utilisatrice de pilule arrête sa contraception, elle se met à saigner. Mais ces saignements ne sont pas des règles naturelles, c’est ce que les médecins appellent une "hémorragie de privation". Privé d’hormones, le tissu intérieur de l’utérus se détache... Le terme est inquiétant, parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’une "hémorragie", mais de l’élimination du tissu intérieur de l’utérus (l’endomètre) qui est gorgé de sang. Une "mue" de l’endomètre, en quelque sorte.

Les saignements entre deux plaquettes de pilule sont des règles artificielles. Ces saignements n’ont aucune signification ; ils sont provoqués par l’arrêt des comprimés ; en particulier, ils ne veulent nullement dire que l’utilisatrice n’est pas enceinte  ! De plus, la semaine d’arrêt de la pilule est la première cause d’échec de pilule.

Car pour que la pilule ait une efficacité maximum, il ne faut pas l’arrêter du tout !!! : Vous pouvez (sans crainte ni risque) et vous êtes en droit d’envisager, pour être mieux protégée et pour avoir une vie plus confortable, de vous passer des règles quand vous prenez la pilule. J’explique pourquoi ICI



 De quoi les règles sont-elles faites ?

Les règles sont composées de cellules de l’endomètre et de sang (ce n’est pas du sang pur). Les règles n’ont pas pour vocation de "nettoyer" l’organisme, elles correspondent tout simplement à un renouvellement des tissus, tout comme la chute de cheveux correspond à l’apparition de nouveaux cheveux, et la peau d’un animal qui mue à la pousse d’une nouvelle peau (la peau humaine se détache aussi, mais de manière microscopique, alors ça ne se voit pas).


 Pourquoi certaines femmes ont-elles mal au ventre (ou au bas des reins) pendant les règles, d’autre pas ?

Les douleurs qui accompagnent les règles sont dues aux mouvements de l’utérus qui, lorsque l’endomètre se détache, se contracte pour éliminer le sang et les tissus. Ces contractions sont les mêmes que celles de l’accouchement. Certaines femmes perçoivent la douleur devant (ou dans le bas-ventre), d’autres au bas des reins, parce que le cerveau ne perçoit pas toujours une douleur dans l’organe qui souffre - c’est ce qu’on appelle une douleur projetée. (Autres exemples du phénomène de « douleur projetée » : la douleur dans l’épaule gauche des hommes qui font un infarctus ; la douleur du genou des personnes qui ont une arthrose de la hanche...)

Comme les contractions de l’utérus et la douleur varient d’une femme à l’autre, certaines ont des règles très pénibles, d’autres pas. Les douleurs des règles diminuent souvent lors de l’utilisation d’une contraception hormonale, ce qui explique que beaucoup de jeunes filles prennent la pilule même si elles n’ont pas besoin de contraception.


 Pourquoi certaines femmes ont-elles des règles très abondantes, d’autre pas ?

Le volume et la durée des règles est fonction de la durée du cycle et aussi du « profil hormonal » de la femme. Les ovaires de certaines femmes fabriquent un peu plus d’estrogènes que de progestérone ; ces femmes ont tendance à avoir les seins qui gonflent à l’approche des règles, des règles douloureuses (car l’utérus est gonflé lui aussi), abondantes et longues, car ce sont les estrogènes qui favorisent l’épaississement de l’endomètre.

D’autres femmes fabriquent plutôt un peu plus de progestérone que d’estrogènes : elles ont des règles courtes, peu abondantes, peu douloureuses, car la progestérone réduit l’épaisseur de l’endomètre.


 Comment peut-on soulager les douleurs des règles ?

En prenant une pilule combinée ou contenant simplement des progestatifs, en utilisant un implant ou un DIU hormonal. Mais on peut aussi agir simplement sur la douleur en utilisant des anti-inflammatoires (ou AINS : « anti-inflammatoires non stéroïdiens » - c’est à dire non cortisoniques) - en particulier de l’ibuprofène, en vente libre en pharmacie (2 comprimés à 200 mg toutes les 4 à 6 heures). Les AINS sont beaucoup plus efficaces que le Spasfon (qui n’a pas d’efficacité démontrée...) sur les douleurs des règles, et ils sont préférables à l’aspirine (qui elle aussi, est très efficace sur cette douleur, mais qui est susceptible de faire saigner ou d’irriter l’estomac).

A noter que les porteuses de DIU au cuivre qui ont des règles abondantes et douloureuses peuvent elles aussi utiliser des AINS pour soulager la douleur des règles et en diminuer la durée. En effet, l’interdiction des AINS aux utilisatrices de DIU est une légende, née en France, qui n’a jamais été démontrée. Cette interdiction n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Elle reste néanmoins fermement ancrée dans le discours des médecins et des pharmaciens français... Lire un article de la Revue Prescrire sur le sujet


 Est-ce que tous les saignements vaginaux sont des règles ?

Non, bien sûr. Beaucoup de phénomènes peuvent entraîner un saignement en dehors des règles :
- les inflammations ou infections (souvent bénignes) du vagin ou du col de l’utérus
- les anomalies de l’utérus (fibromes, polypes) qui fragilisent l’endomètre ; une infection de l’utérus ;
- une pilule mal adaptée - il s’agit alors d’un "spotting" (voir plus loin)

Comment savoir de quelle origine est un saignement inhabituel ?

Un saignement vaginal est rarement isolé, il est souvent accompagné d’autres symptômes.

- Un saignement indolore après un rapport sexuel et sans autre symptôme anormal peut être simplement dû à une pilule mal adaptée ("spotting", voir plus loin) ou à une inflammation localisée du col.
- Des pertes et des saignements accompagnant brûlures ou douleurs pendant les rapports sexuels évoquent plutôt une infection vaginale (mycose, en particulier)
- Des saignements avec crampes (comme les douleurs des règles), pertes anormales et fièvre évoquent plutôt une infection/inflammation de l’utérus.

Bref, ce sont les autres symptômes qui permettent d’interpréter un saignement inhabituel.

Dans tous les cas, il est nécessaire que le médecin vous examine pour s’assurer de l’origine du saignement.


Lisez [Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les règles...


 Est-ce que l’absence de règles est toujours synonyme de grossesse ?

Non, bien sûr. Beaucoup de femmes n’ont pas de cycle régulier (en particulier, juste après la puberté, ou juste avant la ménopause). Il arrive que, certains mois, l’ovaire ne fabrique pas d’ovule. L’endomètre, qui « attend le signal de l’ovulation », continue à se développer, et les règles se font attendre. Si la femme fait un test de grossesse, il est négatif. Au bout d’un temps variable (parfois 3 à 4 semaines de retard), les règles surviennent, plus abondantes que d’habitude (parce que l’endomètre s’est épaissi pendant plus longtemps que d’habitude).
L’ovulation peut être retardée chez une femme parfaitement réglée d’habitude, par un accident, un décès dans la famille, un problème de santé bénin ou une maladie, une perte ou une prise de poids rapide, voire même seulement par les soucis de famille ou de travail.

Cela dit, un aphorisme médical énonce qu’En l’absence de contraception, un retard de règles est une grossesse jusqu’à preuve du contraire..

Quand la contraception n’existait pas, les femmes savaient que, de temps à autre, elles n’avaient pas de règles sans que ça signifie une grossesse. Il leur arrivait même de souhaiter que ce soit le cas... Par ailleurs, il y a cent ans, les femmes avaient leurs règles moins souvent qu’aujourd’hui, car elles étaient en moins bonne santé, moins bien alimentées... quand elles n’étaient pas enceintes en permanence ou presque.

Contrairement à ce que beaucoup de femmes pensent, avoir des règles chaque mois n’a pas toujours été considéré comme "normal" et les règles n’ont pas toujours été associées à la "bonne santé", comme en témoigne un article paru en 2001 dans la revue Clio (revue historique d’histoire des femmes) dont on peut lire le résumé ICI.

Ce qu’il est bon de retenir, c’est que (en dehors de la grossesse et de la contraception) l’absence de règles est seulement un symptôme - autrement dit : le signe qu’il se passe quelque chose. Ce n’est pas, en soi, un phénomène dangereux ou une maladie. Et l’ovulation est un phénomène si sensible que de multiples événements peuvent la perturber... et donc retarder l’apparition des règles chez une femme qui n’utilise pas de contraception et n’est pas enceinte non plus.

Mais à l’heure actuelle, la principale cause de diminution ou d’absence de règles, en dehors de la grossesse, c’est l’utilisation d’une méthode de contraception hormonale.


Est-ce que l’apparition de saignements à l’arrêt d’une pilule signifie forcément qu’on n’est pas enceinte ?

Non, car les "règles" de la pilule ne sont pas des règles mais des "hémorragies de privation" - autrement dit, des saignements dus au fait qu’on arrête les comprimés. La paroi intérieur de l’utérus, qui n’est plus stimulée par les hormones de la pilule, se détache. Or, ce phénomène peut se produire même pendant une grossesse....

Donc, si vous avez oublié un ou plusieurs comprimés de votre pilule, le fait saigner entre deux plaquettes ne veut absolument pas dire que vous n’êtes pas enceinte, surtout en début de grossesse. Dans le doute, il vaut mieux faire un test sanguin...


 Pourquoi les utilisatrices de méthodes de contraception hormonales n’ont-elles parfois plus de règles ?

Les méthodes contraceptives hormonales (pilules, patch, anneau vaginal, DIU hormonal, implant) ont deux effets principaux :

Elles font croire à l’organisme féminin qu’elle est déjà enceinte . Cela suspend l’ovulation. Les femmes qui utilisent la pilule n’ovulent pas, elles ne devraient donc pas avoir de règles (et d’ailleurs, celles qui prennent la pilule en continu n’ont pas de règles). Mais il y a 50 ans, quand les premières pilules ont été commercialisées, les femmes associaient l’absence de règles à la grossesse. Les premiers expérimentateurs de la pilule ont donc instauré une semaine d’arrêt pendant laquelle le sevrage d’hormones entraîne des saignements qui ne sont pas dues à une « ovulation non fécondée », mais seulement à l’élimination de l’endomètre qui n’est plus stimulé par les hormones de la pilule.

Les méthodes hormonales contiennent toutes un progestatif, qui s’oppose à l’épaississement de l’endomètre. De sorte que, pour certaines femmes qui prennent la pilule, même lorqu’elles l’arrêtent une semaine sur quatre, l’utérus a peu de chose à évacuer. Les saignements sont donc souvent plus courts et moins abondants que les règles naturelles de la femme. Il arrive aussi, pour cette même raison, que les utilisatrices de pilule n’aient pas de règles pendant la semaine d’arrêt, sans pour autant être enceinte.

C’est ce phénomène d’amincissement de l’endomètre qui explique que la plupart des femmes sous pilule aient des règles beaucoup moins abondantes que quand elles ne la prennent pas, et que les femmes qui prennent une contraception purement progestative, celles qui portent un implant progestatif, et celles qui portent un DIU hormonal (qui ne contient qu’un progestatif) aient peu de règles, ou pas de règles du tout. Leur endomètre est si mince qu’elles n’ont rien à éliminer. Il arrive en revanche souvent que les utilisatrices d’implant ou de DIU hormonal aient d’autres symptômes évocateurs (elles se sentent patraque quelques jours avant, elles ont des crampes dans le bas-ventre), mais pas de saignements.


 Pourquoi certaines utilisatrices de contraception ont-elles, au contraire, des saignements tout le temps ?

Toujours à cause des progestatifs. Quand l’endomètre est trop mince à cause d’une contraception trop dosée en progestatifs pour une femme donnée, il devient fragile et saigne à la moindre contraction de l’utérus (de même que les gencives saignent facilement, sans être pour autant malades, quand on se brosse les dents trop fort). Or, l’utérus se contracte en permanence. Les saignements répétés, fréquents, qui peuvent survenir dans ces circonstances, se nomment un « spotting ».

Qu’est-ce qui peut provoquer un spotting ?

- une pilule inadaptée
- un implant (surtout les 6 premiers mois d’utilisation)

- un DIU hormonal (surtout les deux ou trois premiers mois d’utilisation)

Comment peut on faire disparaître un spotting ?

- en changeant de pilule (pour une marque plus « estrogénique ») ou, dans le cas du DIU hormonal et de l’implant, en utilisant des AINS (anti-inflammatoires comme l’ibuprofène). Car, comme je l’ai expliqué plus haut, les AINS diminuent les contractions de l’utérus, or ce sont souvent ces contractions qui favorisent les saignements de l’endomètre, rendu très fin par les hormones de la contraception.


 Est-ce qu’il est dangereux de n’avoir pas de règles ?

Non. Si ça l’était, les femmes qui ont des cycles très longs (donc, des règles peu fréquentes) seraient « moins normales » que celles qui ont un cycle de 28 jours, or, ce n’est pas le cas. Au contraire, le fait de ne pas avoir de règles (ou d’en avoir peu) est plutôt un avantage : les règles abondantes sont en effet la première cause d’anémie (manque de globules rouges lié à la perte de fer dans les règles) chez la femme.

Les symptômes d’accompagnement des règles (douleurs du bas ventre, migraines déclenchées par les variations hormonales) font partie des motifs de consultation les plus fréquents chez les femmes entre la puberté et la ménopause. Les utilisatrices des méthodes qui suppriment les règles, quand elles le choisissent, trouvent plus confortable de ne pas avoir de règles et aussi... plus économique (l’achat de serviettes et tampons périodiques est l’un des postes budgétaires les plus coûteux pour les femmes).


Lisez Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les règles...


 D’où vient l’idée que l’absence de règles est mauvaise pour la santé ?

De l’association entre règles et fécondité. En effet, une femme qui n’a pas de règles régulièrement (et par régulièrement j’entends « à intervalles réguliers », et non « tous les mois », car on peut avoir des règles normales toutes les 6 semaines...) est souvent aussi une femme qui n’ovule pas régulièrement (rappelez-vous : pour avoir des règles, il faut avoir ovulé deux semaines avant). Et dans l’esprit du public, moins l’ovulation est régulière, moins l’éventualité d’une grossesse est grande. En réalité c’est plus compliqué que ça : des femmes qui ont des règles tous les mois ont les pires difficultés à être enceintes (souvent parce que l’infertilité est celle de leur mari...) et d’autres, qui n’ont pas de règles tous les mois, sont enceintes à peu près quand elles le souhaitent. L’équation « règles = fécondité » est donc souvent fausse.

Mais l’absence de règles peut être due à une maladie qui n’a rien à voir avec les organes de la reproduction. Le fait d’être malade empêche les femmes d’ovuler - et donc d’avoir des règles. L’absence de règles est donc aussi associée à une mauvaise santé. Elle est fréquente, aussi, chez les femmes qui prennent certains médicaments (neuroleptiques, tranquillisants, antidépresseurs, en particulier).

Enfin, la disparition définitive des règles est synonyme de ménopause, donc de fin de la période de fécondité - ce qui a longtemps été perçu comme une fin de la féminité. Même si les femmes d’aujourd’hui ne se sentent pas moins « féminines » après la ménopause, ce genre d’amalgame est profondément ancré dans l’inconscient collectif. Beaucoup de femmes prennent du poids à la ménopause, d’où l’idée selon laquelle « quand on n’a plus de règles, le sang [qu’on n’évacue plus] tourne en graisse », comme on le dit à la campagne. Même si toutes les femmes ne prennent pas de poids à la ménopause, cela aussi contribue à enrober la disparition des règles d’une image... pas très engageante.


 Est-ce que ne pas avoir de règles à cause de sa contraception ça peut empêcher d’avoir des enfants ?

Non. Pas plus que le fait d’être enceinte (quand on est enceinte, on n’a pas de règles) n’empêche d’avoir des enfants. Encore une fois, les méthodes contraceptives hormonales font croire à l’organisme de la femme qu’elle est déjà enceinte. De ce fait, elle n’ovule pas. Mais ça ne bloque pas l’ovulation définitivement, pas plus qu’une vraie grossesse ne bloque l’ovulation définitivement. Des études américaines ont montré que sur 100 femmes qui interrompent toute contraception, 95 % sont enceintes dans les 12 mois qui suivent. Alors, la contraception n’est pas dangereuses pour la fécondité.


 Après l’arret définitif de la pilule, est-ce que les règles peuvent avoir un peu de retard ?

Bien sûr. À l’arrêt de la pilule (ou d’une autre contraception hormonale), l’ovaire (auquel la contraception faisait croire que la femme était déjà enceinte) se remet à fonctionner comme avant. Si le cycle de la femme était spontanément régulier avant la prise de la pilule, il redevient régulier. Si le cycle de la femme était irrégulier, il le redevient aussi - et les règles peuvent donc se faire parfois attendre longtemps, surtout si la femme prend la pilule depuis l’adolescence et ne se souvient pas ou même ne sait pas qu’elle avait un cycle irrégulier. Il arrive en effet souvent que les mères emmènent leur fille chez le médecin pour qu’il leur donne la pilule pour « régulariser » les règles ! ! ! (Ce qui masque donc le cycle naturel, irrégulier, de la jeune femme).

Cela dit, quand une femme tarde à avoir ses règles juste après l’arrêt de sa contraception, la première explication... c’est qu’elle est peut-être enceinte !


 Est-ce que ne pas avoir de règles ça favorise un cancer ?

Eh bien, c’est plutôt le contraire. Les cancers de l’ovaire et de l’endomètre sont plus fréquents chez les femmes qui n’ont pas d’enfants que chez les femmes qui en ont eu plusieurs (plus on a d’enfants, moins on est susceptible d’avoir un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre). Pourquoi ? Parce que les « décharges » hormonales qui déclenchent l’ovulation provoquent chaque mois des multiplications cellulaires dans l’ovaire et dans l’endomètre. Parmi ces cellules qui se multiplient, il y a des cellules potentiellement cancéreuses.

Quand l’ovulation est suspendue (pendant une grossesse ou sous l’effet d’une contraception hormonale), ces multiplications cellulaires n’ont pas lieu et l’apparition de cellules susceptibles d’être cancéreuses est donc beaucoup moins fréquente. On peut donc en déduire que ce qui suspend l’ovulation (la grossesse, l’allaitement, toutes les formes de contraception hormonale) protège contre le cancer de l’endomètre et de l’ovaire. Il semble que le DIU au cuivre (qui augmente la durée des règles) ait lui aussi un effet bénéfique en augmentant l’élimination des cellules de l’endomètre, et en particulier sur les cellules potentiellement cancéreuses.

En résumé, la majorité des études scientifiques actuelles considèrent que toutes les méthodes de contraception ont beaucoup plus d’effets bénéfiques sur la santé (en particulier dans la prévention des cancers) que d’inconvénients.


 Mais alors, si les règles ne sont pas dangereuses et n’ont que des inconvénients, est-ce qu’il ne faudrait pas chercher à les supprimer chez toutes les femmes ?

Je ne pense pas, car ce serait remplacer un dogme ("Il FAUT avoir des règles tous les mois.") par un autre (« Il ne FAUT PAS avoir de règles tous les mois. »). C’est aux femmes de choisir ce qu’elles veulent faire, et le plus souvent, les deux choix leur sont possibles : avoir des règles ou non.

La vie des femmes est pleine d’événements, certes naturels, mais plus ou moins confortables selon les femmes et l’époque de leur vie. Les femmes qui ont des règles douloureuses et longues se sentent mieux avec une contraception qui diminue les saignements et soulage la douleur. Certaines choisissent de prendre leur pilule en continu pour ne pas avoir de règles (ou bien optent pour un implant ou un DIU hormonal) D’autres préfèrent avoir leurs règles tous les mois et arrêtent leur pilule 7 jours ou choisissent un DIU au cuivre.

Vous avez le choix. L’idéal, c’est que vous fassiez ce choix sans crainte.

Il en va des règles comme de la contraception : c’est la méthode - et le médecin - qui doivent s’adapter votre choix, et non l’inverse.

© Martin Winckler, 2008

Article révisé le 17 octobre 2008

Pour écrire à Martin Winckler, cliquez ICI


Lisez [Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles sans jamais avoir osé le demander

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