logo Winckler’s Webzine
Le site personnel de Martin Winckler
logo

 Sommaire | Edito | In italiano | Courriers et contributions | Contraception et gynécologie | Radio et télévision | Lectures | For the English-speaking Reader | Mes Bouquins | Les médecins, les patients, et tout ce qui s’ensuit... | WebTV | Être un(e) adulte autiste... | Projet POL : Les fichiers sonores
Recherche
Contraception et gynécologie >


Le principal danger du spotting, c’est d’arrêter la pilule (Contraception : Questions / Réponses 50)
Article du 5 septembre 2005

Pour plus d’informations sur Préservatifs, pilules, DIU, implant et contraception d’urgence, CLIQUER ICI


Lire toutes les questions réponses sur la contraception


Lire les questions/réponses précédentes


Poser une question sur la contraception : martin_winckler@yahoo.fr (en sachant que je ne peux plus répondre à toutes les questions...)


Les sujets abordés cette semaine :
- Le principal danger du spotting, c’est d’arrêter la pilule
- Implant et allaitement
- Durée des règles
- Effets de Méliane sur la libido ?
- Deux comprimés au lieu d’un
- Troubles alimentaires et contraception

- Le principal danger du spotting, c’est d’arrêter la pilule

J’ai 18 ans, je prends depuis le début de l’année 2005 la pilule Trinordiol sans aucun oubli ni effet indésirable. Cependant, tout début août, alors que j’arrivais à la fin de la dernière série de comprimés, avoir mes règles ne m’arrangeait vraiment pas du tout car je devais partir en vacances à la mer. J’ai alors fait quelque chose d’un peu hasardeux : j’ai continué pendant 4 jours à prendre le même type de comprimés avec le même dosage en les prenant sur une nouvelle plaquette. Cela a à peu près bien fonctionné, même si j’ai eu quelques saignements très légers.

Au bout de ces 4 jours, j’ai arrêté toute prise pendant 7 jours, comme d’habitude. J’ai eu mes règles de façon normale au cours de ces 7 jours, et elles se sont, comme d’habitude, arrêtées lorsque j’ai recommencé une plaquette neuve complète comme je le faisais en temps normal.
Tout allait bien jusqu’à il y a 3 jours, lorsque j’ai entamé la dernière série de comprimés que j’avais prolongée début août. J’ai commencé à avoir de petits saignements et des pertes brunes. Celles-ci sont sans odeur et je ne ressens aucun symptôme anormal en parallèle, ni douleur, ni inflammation, ni rougeur, ni démangeaison... elles sont vraiment apparues pile avec le début de la prise des comprimés blancs. De plus, j’associe toujours le préservatif à la pilule, et je ne pense pas qu’il s’agisse d’une infection.

En fait, j’ai l’impression que mon cycle "échappe" au "contrôle" de ma pilule et que mes règles "veulent" venir à la date approximative où elles auraient dû arriver si je n’avais pas prolongé la prise des derniers comprimés lors de mon dernier cycle. Qu’en pensez-vous ? Que faire ?
Dois-je continuer la prise des comprimés jusqu’au bout malgré ce qui me semble être du spotting ?
Est-ce dangereux ? Est-ce que cela va recommencer au prochain cycle ? Pourquoi ce spotting, si cela en est, n’apparaît-il qu’avec la prise de cette série de comprimés en particulier ?

Comme je sais que vous êtes sûrement très occupé et que vous ne pouvez pas répondre instantanément, je pense que je vais continuer comme normalement la prise, avec arrêt de 7 jours et reprise ensuite, cela me semble le plus logique pour essayer de remettre mon cycle en ordre petit à petit. Un rendez-vous chez mon gynécologue est prévu vers fin septembre pour un contrôle de routine. Si ces problèmes ne viennent pas de ma pilule mais d’un autre problème gynécologique, il me le dira alors, mais je ne pense pas que cela soit le cas.

J’ai lu dans une réponse publiée sur votre site que vous conseillez, pour la prise en continu de Trinordiol, de passer des comprimés blancs, les derniers, à la 2ème série de la plaquette suivante directement. Si j’avais lu ça avant...
C.

En fait, vous avez raison : c’est le passage d’un type de comprimé à un autre qui provoque le spotting. Mais ça n’est pas un "échappement" du cycle, à proprement parler. Simplement, la paroi intérieure de l’utérus, ou "endomètre" a besoin de recevoir une association équilibrée en estrogènes et en progestatif pour rester stable et ne pas saignoter. La baisse de dosage en estrogènes (en passant d’un type de comprimé à l’autre) favorise le "spotting", et seulement ça : le dosage reste suffisant pour bloquer l’ovulation (cet effet-là se produit dans le cerveau, pas dans l’utérus). Autrement dit : on peut avoir un spotting et être protégée.

Vous avez raison encore : il vaut mieux continuer. Mais dans la mesure où vous voulez prolonger vos prises de pilule (voire faire du "bicycle ou du "tricycle" de temps à autre), il est plus logique de demander qu’on vous prescrive une pilule monophasique (Minidril, qui contient la même chose que Trinordiol, mais en dose fixe). Le spotting sera beaucoup moins probable, voire rarissime. Ce qu’il faut en tout cas retenir c’est que
1° le spotting est enquiquinant, mais pas dangereux.
2° moins on arrête sa pilule, plus on est protégée (avec ou sans spotting : le spotting n’est dangereux que lorsque les femmes en ont peur et arrêtent complètement leur pilule !!!)
3° si vraiment vous avez un spotting qui dure, arrêtez votre pilule 5 à 7 jours (mais pas plus) et ça rentrera dans l’ordre quand vous recommencerez la plaquette suivante.


- Implant et allaitement

Après avoir lu votre article sur l’implant, je me dis que c’est peut-être la contraception qu’il me faut. En effet, j’ai un petit bébé de 3 mois que j’allaite et je n’arrive pas à prendre la pilule (Cérazette) qui m’a été prescrite (oublis tellement fréquents que j’ai fini par arrêter complètement).

J’en ai parlé à ma gynécologue qui m’a dissuadée de me faire mettre un implant : effets secondaires, inconfort, etc. Et je ne souhaite pas me faire poser de DIU, car je retiens la définition "théologique" de la grossesse :))
Ma question : si je continue à allaiter, puis-je me faire poser cet implant ou pas ? Les hormones qu’il diffuse sont-elles dangereuses pour mon bébé ?
G.

En principe, le labo qui commercialise l’Implanon n’a pas d’autorisation pour la prescription pendant l’allaitement. Mais j’ai déjà posé des implants à des jeunes accouchées, qui allaitent. Cela dit, ce ne sont pas tant les effets sur l’enfant qui me paraissent problématiques (l’hormone de l’implant est la même que celle de Cérazette, alors...), mais sur la mère : prise de poids importante, saignements et parfois... tarissement du lait, car le corps de la mère se comporte alors comme si elle redébutait une grossesse. Plusieurs patientes africaines du centre où j’exerce se font poser un implant et allaitent leur enfant. Mais elles tolèrent mieux la prise de poids que les patientes européennes...

C’est imprévisible, mais ça arrive. Si vous ne prévoyez pas d’allaiter très longtemps, et si vous n’avez pas peur de prendre du poids (ou de garder une partie du poids pris pendant votre grossesse), rien ne vous interdit d’essayer. La décision vous appartient, et non au gynécologue. Tous ces effets secondaires sont gênants, mais pas dangereux.

Quant au DIU, si l’action des DIU au cuivre est théoriquement possible sur un oeuf fécondé, donc "post conceptionnelle" (mais si elle l’est, on ne voit pas pourquoi des grossesses se développent sur DIU au cuivre...), l’action du DIU hormonal est purement "barrière" et non "spermicide ou ovicide" : les spermatozoïdes ne franchissent plus les sécrétions du col. Et les rares (très rares) grossesses que j’ai vues sur Mirena (DIU hormonal) étaient dues au fait que le DIU avait été mal placé, ce qui signifie que non seulement les spermatozoïdes passaient, mais que l’hormone n’avait pas détruit un oeuf fécondé et c’est logique : les progestatifs sont les hormones qui stimulent le développement de la grossesse...

Pour cette raison, plusieurs patientes catholiques qui m’ont consulté qui ne voulaient pas d’une méthode abortive ont choisi de recourir à un DIU.
Mais là encore, c’est à vous de prendre la décision.


- Durée des règles

Je souhaiterais que vous m’éclairiez au sujet de mes règles...
J’ai aujourd’hui 27ans et depuis le début de mes règles vers l’âge de 11ans, je n’ai jamais eu mes règles plus de 2 jours... aujourd’hui, malgré le contraceptif que j’utilise, je n’ai mes règles qu’une seule journée et je saigne très peu. Est ce normal ? Que dois-je faire pour que cela change ?
K.

Rien, il ne faut surtout rien faire. La durée des règles est variable d’une femme à une autre. Certaines ont des règles de 8 jours, d’autres de 2 jours (vous en faites partie). Ce qui compte n’est pas l’abondance et la durée, c’est le fait qu’elles soient plus ou moins régulières. Une femme qui (sans contraception) a des règles de 8 jours 6 fois par an aura plus de temps à attendre pour être enceinte qu’une femme qui a des règles de 2 jours tous les mois : ça veut dire qu’elle ovule tous les mois. Bref, la durée des règles n’est pas synonyme de fécondité, c’est leur régularité qui l’est.

Par ailleurs, la pilule diminue les règles (et parfois les masque complètement) chez la plupart des femmes qui la prennent. Donc, il n’y a rien d’inquiétant là-dedans. En fait, vous êtes plutôt dans une situation très confortable par rapport à d’autres femmes.


- Effets de Méliane sur la libido ?

Je suis homosexuelle, je le sais depuis fort longtemps. J’ai à mon grand bonheur une petite amie et on peut dire que sexuellement il n y a aucun problème.
Il y a peu, j ai fait un test sanguin pour vérifier mes paramètres, et il se trouve que j ai un léger excès de testostérone, ce qui provoque ce qu’on appelle l’acné vulgaire ou résiduelle.

Ma dermatologue m’a prescrit la Méliane, afin d’endiguer cette légère acné. La question que je me pose est de savoir si cette pilule pourrait avoir des effets sur le désir que j’ai envers ma copine, par suppression de l’excès de testostérone qu’elle provoquerait ??
Je vais de toutes façons prendre cette pilule pendant un mois au moins, pour essayer, j’en saurai peut-être davantage ensuite, mais j’aurais tout de même voulu avoir un avis extérieur.

Votre question est simple et légitime, mais il n’y a pas de réponse absolue. Certaines femmes ont une baisse du désir avec la pilule. D’autres pas (parfois, c’est même le contraire). C’est un peu imprévisible, et je pense qu’il faut, de toute manière, tenter de la prendre si vous en attendez un bénéfice. Ce que je peux vous dire aussi c’est que Diane et ses génériques, qui sont habituellement données pour l’acné, contiennent un progestatif "anti-androgène", et peuvent parfaitement diminuer la libido à cause de ça. Méliane, en revanche, n’en contient pas. L’amélioration de l’acné est plutôt due à son effet "estrogénique" un peu plus marqué. C’est donc plutôt mieux qu’on vous l’ait prescrite.

Mais en fin de compte, c’est vous qui allez voir. Rassurez-vous cependant : souvent, le désir échappe aussi aux hormones...


- Deux comprimés au lieu d’un

J’aimerais savoir si une double prise de pilule est dangereuse. Je m’explique : un jour, à 5h 30 du matin je n’étais plus sûre d’avoir pris ma pilule du soir de 22h. Alors de peur de tomber enceinte j’ai décidé de prendre un autre cachet. Je voudrais savoir si cela risque de me poser un problème ou d’interférer dans ma contraception.
T.

Non, ça n’est pas dangereux. Quand on prend deux comprimés au lieu d’un, ça peut éventuellement donner des nausées, mais c’est tout. En revanche, ça veut dire que votre plaquette va se terminer un jour plus tôt. Conséquence : il faut commencer la plaquette suivante un jour plus tôt également, sinon, si vous allongez d’un jour le délai entre deux plaquettes, vous serez moins protégée au début de la plaquette suivante. Donc, commencez votre plaquette un jour plus tôt.

Et même : prenez l’habitude de laisser passer seulement 4 jours entre deux plaquettes. Autrement dit : commencez vos plaquettes dès que vos règles apparaissent, sans attendre. En procédant ainsi, vous augmentez beaucoup votre sécurité contraceptive, et un oubli d’une journée n’aura aucune incidence (et vous ne serez pas obligée de prendre deux comprimés pour être plus sûre...)


- Troubles alimentaires et contraception

Ma fiancée a des troubles du comportement alimentaire, (elle fait de la boulimie non vomitive et de l’anorexie) et elle était sous Diane 35 jusqu’à l’an dernier, elle a arrêté de prendre la pilule en octobre et depuis n’a eu ses règles que 3 fois !
Cela est bien sûr dû à ses problèmes alimentaires !

Depuis quelque temps sa gynéco lui a donné du Duphaston et lui a dit de prendre Jasmine dès que ses règles commenceront, seulement mon amie est très inquiète concernant la prise de poids, pour une jeune fille atteinte de TCA la perspective de prendre du poids est ultra angoissante !

Elle est affolée et je ne sais que faire pour la rassurer ! Sous Diane 35, qu’elle a commencé à 16 ans, elle n’avait pas forcément pris de poids et au plus mal de son anorexie elle la prenait encore...
Elle s’inquiète car elle ne veut pas prendre de kilos, existe t’il des pilules plus "légères" que celle là ? Pour lui éviter une prise de poids ? Je crains qu’en cas de prise de poids elle se mette à manger de moins en moins !
P.

A priori, une jeune femme anorexique a peu de chance de prendre du poids avec une pilule (la pilule donne faim, mais pas toujours, et rarement aux jeunes femmes anorexiques).
Par ailleurs, le Duphaston est plus susceptible de lui donner faim que Jasmine.

Enfin, si elle veut avoir une contraception efficace sans interférer avec sa boulimie, la méthode de choix est le DIU au cuivre, qui n’aura aucun effet sur le poids ou l’alimentation, et réciproquement.
Les patientes boulimiques et/ou anorexiques qui me consultent, même jeunes, ont souvent recours à cette méthode, qui a le mérite de les laisser aussi tranquilles que si elles portaient une boucle d’oreille. Ca mériterait qu’elle en parle à sa gynéco. Les DIU peuvent parfaitement être posés à des femmes sans enfant.

Si la gynéco n’est pas d’accord, faites-lui remarquer que :

1° d’après les recommandations de l’ANAES (agence nationale de santé, ou Haute Autorité de Santé), c’est à la femme de choisir (lire ci-dessous)
 http://www.martinwinckler.com/article.php3?id_article=393

2° une méthode non hormonale est préférable à une méthode hormonale chez une patiente ayant des troubles de l’alimentation.

3° une contraception bien tolérée par DIU est plus efficace et vaut mieux qu’une pilule angoissante (ou mal prise). Or, votre fiancée ne sera pas boulimique éternellement. Et même si elle n’a eu ses règles que 3 fois depuis octobre, ça veut dire qu’elle a ovulé trois fois... Donc qu’elle peut se retrouver enceinte.


Pour plus d’informations sur Préservatifs, pilules, DIU, implant et contraception d’urgence, CLIQUER ICI


Lire toutes les questions réponses sur la contraception


Lire les questions/réponses précédentes


Poser une question sur la contraception : martin_winckler@yahoo.fr (en sachant que je ne peux plus répondre à toutes les questions...)


IMPRIMER
Imprimer


RSS - Plan du site  - Site conçu avec SPIP  - Espace Privé