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"Les Trois Médecins" : un roman d’aventures et de formation (médicale)
Les médecins, les patients, et tout ce qui s’ensuit... > Questions d’éthique >


"Les femmes qui tardent à avoir des enfants n’ont que ce qu’elles méritent ! "
(Un coup de gueule de SB, enseignante)
Article du 6 septembre 2005

Un retour à l’ordre moral ?

Aujourd’hui, j’ai regardé le 12-14 de F2 et ils ont une chronique "Santé" (est-ce une nouveauté de la rentrée ? Je ne sais pas, étant rarement chez moi à l’heure du déjeuner). Le thème était celui de la stérilité (j’écoutais d’une oreille, tout en préparant un devoir de grammaire pour mes petits élèves, il y a apparemment un colloque sur le thème prochainement). Et là, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre un médecin dire, si l’on résume, qu’il ne fallait pas que les femmes se plaignent d’avoir du mal à avoir des enfants : elles n’avaient qu’à s’y prendre plus tôt !! Surtout, ajouta-t-il, quand elles sont en couple depuis longtemps. D’après lui, on n’a pas à attendre 30 ou 35 ans pour avoir un enfant quand on est en couple depuis dix ans.

Je trouve ce type de commentaire totalement déplacé : d’abord, il me semblait qu’on pouvait faire ce qu’on voulait en France. Deuxièmement, ce type de propos, qui est une appréciation personnelle, n’a pas à être mélangée avec des informations de type scientifique (à savoir qu’il y a une baisse de la fertilité des femmes à partir de trente ans). Et puis, il faut pouvoir avoir un enfant tôt.

Je vais parler de mon cas : j’ai vingt-six ans, je suis en couple depuis presque six ans, je travaille à plein temps (j’ai besoin d’un salaire à plein temps pour vivre, mon compagnon ne gagnant pas assez pour que je me permette de travailler moins), je poursuis des études (je fais une thèse, ce qui n’est pas simple quand on travaille à plein temps), je "supporte" la pression familiale (la fameuse question de la grand-mère : quand est-ce que vous nous faites un petit ?) et, quand je regarde les informations à la télévision, j’ai droit à une deuxième couche, au cas où j’aurais mal compris qu’en tant que femme, mon rôle est de faire des enfants.

Mais, dans les conditions dans lesquelles je vis actuellement, il m’est impossible de faire un enfant, aussi bien en termes de temps (j’ai, quelque part, deux activités à assumer) qu’en termes d’argent (nous avons certes la chance d’avoir deux salaires, ce qui nous permet de vivre correctement, mais ce n’est pas suffisamment pour déménager et élever un enfant).

Donc, actuellement, je dois être une sorte de femme "dégénérée", qui préfère faire des études et se préparer une situation professionnelle (une carrière ; mon Dieu, une femme carriériste ! ;-)) plutôt que de faire un enfant et de mettre entre parenthèses sa vie professionnelle. Et si, imaginons, j’ai d’ici quelques années des problèmes pour avoir un enfant, je devrai m’en prendre à moi-même et culpabiliser d’avoir fait tout ce que je pouvais pour créer une situation propice à avoir un enfant.

Ce discours est quand même, je trouve, culpabilisant et il est inadmissible que, à notre époque, on renvoie encore les femmes à leur seule fonction maternelle. Il y a encore du boulot...

SB

Commentaire de MW : Ce discours culpabilisant sur les femmes qui font des enfants tard ne serait pas aussi fréquent s’il n’était tenu et entretenu par un certain nombre de médecins (non, pas tous, mais trop quand même) qui, usant d’arguments "scientifiques", brandissent devant les femmes le spectre de la stérilité, des grossesses tardives "à risque", des malformations, du parent vieillissant incapable d’élever des enfants qu’il a eus tard, etc.

Et ne parlons pas des femmes (plus nombreuses qu’on ne le croit) qui ne VEULENT PAS avoir d’enfants... et qui, j’en reçois régulièrement, demandent si c’est "normal" parce qu’elles entendent tout le monde dire que c’est contre nature.

Certes, on clame que les femmes doivent être libres et autonomes, mais nous sommes tout de même en France, dans un vieux pays catholique où l’idée selon laquelle l’"essence" d’une femme serait avant tout d’enfanter est profondément ancrée...

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