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En dehors de certains organes, du sang et de la moelle osseuse, de quels tissus biologiques peut-on faire don ?
Odyssée - 26 Juin 2003
Article du 31 décembre 2006

Eh bien, on peut faire don de ses gamètes.
Les gamètes, ce sont les cellules de la reproduction - autrement dit : les spermatozoïdes des hommes et les ovocytes des femmes.

Qui a besoin de gamètes ? Les couples qui souffrent d’infertilité et qui demandent à bénéficier d’une AMP - aide médicale à la procréation - sous la forme d’une insémination artificielle par donneur anonyme (parce que l’homme est infertile), ou d’une fécondation in vitro (lorsque la femme ou les deux conjoints sont infertiles).

Le sperme est congelé et peut être conservé indéfiniment. Les ovocytes, en revanche, sont recueillis après que la donneuse a reçu un traitement de stimulation ovarienne. On ponctionne l’ovaire pour aspirer les ovocytes arrivés à maturité et, comme ils sont difficiles à conserver, on les féconde immédiatement in vitro (dans une éprouvette, en laboratoire) avec le sperme du conjoint de la receveuse. Les embryons obtenus sont congelés pendant plusieurs mois avant d’être implantés.

Les donneurs de sperme et donneuses d’ovocytes subissent des prises de sang pour vérifier qu’ils ne sont pas porteurs de maladies infectieuses transmissibles. Dans le cas du don d’ovocytes, si la prise de sang de contrôle est négative six mois après le don, on peut transférer les embryons dans l’utérus de la receveuse. La législation sur le don de gamètes est très stricte. On ne peut faire don de ses gamètes que si l’on est déjà parent d’au moins un enfant, et seulement avec l’accord de son conjoint.

Les receveurs, eux, doivent donner tous deux leur consentement devant un juge et un notaire, pour signifier l’importance juridique de la filiation. Car, même si, devant la loi, l’enfant né de ce don n’a que ces deux parents, il a un parent biologique inconnu. Ce qui est lourd de sens, pour le couple receveur comme pour l’enfant.

Une épouse ne peut pas bénéficier d’une fécondation in vitro si son mari est décédé, même si son sperme a été conservé. Une femme seule ou ménopausée, ou encore un couple homosexuel ne peuvent pas non plus bénéficier d’une insémination artificielle ou d’une fécondation in vitro. Je rappelle qu’en revanche, une personne seule a parfaitement le droit d’adopter un enfant... Il y a évidemment là un paradoxe.

Ce paradoxe résulte-t-il de ce que la législation sur l’adoption est beaucoup plus ancienne que celle de la procréation médicalement assistée ou a-t-il un sens précis dans l’esprit du législateur ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais j’invite les auditeurs juristes qui l’auraient à me l’écrire ; leur contribution sera la bienvenue.

J’ajouterai qu’on est en droit de se demander (ce n’est pas moi qui le dis, c’est le professeur René Frydman en personne, cité par un rapport de la délégation au droit des femmes en 2002) si les couples qui ont recours à l’AMP reçoivent toujours l’information nécessaire et si les techniques de FIV (fécondation in vitro) ne sont pas parfois proposées trop rapidement à des couples qui auraient pu s’en passer.

Ainsi, on ne compte pas les stérilités d’origine indéterminée qui se terminent... par une grossesse spontanée le jour où le couple, harassé par plusieurs FIV, se décide à adopter. Sur ce sujet controversé, je vous conseille vivement la lecture de l’excellent livre de Brigitte-Fanny Cohen, Un bébé mais pas à tout prix.

Les chroniques de ces quatre derniers jours étaient destinées à montrer, vous l’avez certainement ressenti, que chaque don biologique revêt une importance symbolique spécifique.

Donner son sang, ses plaquettes ou sa moelle c’est partager des tissus qui se régénèrent spontanément et dont le besoin est urgent et immédiat pour un grand nombre de gens.

Le don d’organe(s), lui, est fait dans la perspective d’une greffe future et hypothétique.

Le don de gamètes ne vise pas à préserver ou à prolonger la vie, mais à en créer une nouvelle.

Quelle que soit la générosité des donneurs il leur faut parfois, pour faire les dons les plus simples, être vraiment très, très motivés.

Un couple d’auditeurs que cette chronique incitait à faire un don de plaquettes a découvert hier que le centre de transfusion de sa ville - en l’occurrence, Evreux - est ouvert... deux jours par semaine, à des heures impossibles. Si le don de cellules sanguines est une priorité de santé publique, les pouvoirs publics pourraient peut-être donner aux équipes les moyens d’accueillir des donneurs plus de deux fois par semaine...

Brigitte-Fanny Cohen, Un bébé mais pas à tout prix, Lattès 2001

Pour lire le rapport de Mme Yvette Roudy de janvier 2002 qui cite le Pr Frydman et Brigitte-Fanny Cohen, allez à la page
http://www.assemblee-nat.fr/rap-info/i3525.asp

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