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Refus de contraception : un témoignage de conséquences graves
par Marc Zaffran/Martin Winckler

27 juin 2015

A la suite de la lecture de mon article "Le refus de contraception est un acte criminel", une jeune internaute m’envoie le récit de sa propre expérience. Je le publie ci-après.

J’ai aujourd’hui 20 ans. A 18 ans quand s’est posée la question de la contraception je me suis naturellement tournée vers mon médecin de famille. Ayant souffert d’anorexie plus tôt dans ma jeunesse j’étais rassurée qu’il connaisse mon dossier je lui faisais totalement confiance.

Je ne voulais pas avoir affaire à un autre médecin ou un gynécologue, je sais c’est stupide mais l’idée de montrer mon corps me terrifiait. De plus je travaillais déjà avec des horaires compliqués et les fois ou j’ai essayé de contacter des gynécologues de ma région ils étaient tous complets.



Bref je prends rendez-vous avec mon médecin qui me prescrit naturellement une pilule. Ça ne me convient pas, elle me met dans un état de dépression, je pleure à longueur de journée, je me sens profondément triste. Je retourne voir mon médecin et nous essayons plusieurs pilules pour avoir toujours le même effet secondaire.

Il me dit finalement que je ne dois pas supporter les hormones mais ne me donne pas d’autre contraception. Je réfléchis et retourne le voir en lui demandant la pose d’un stérilet, j’obtiens un refus catégorique. Il me dit que c’est trop risqué pour une jeune fille de mon âge sans enfant. Je lui dis de m’orienter vers un confrère susceptible d’accepter ma demande, il refuse à nouveau, selon lui personne n’acceptera de me poser un stérilet dans notre département (Seine-Maritime).

Évidemment 1 an plus tard malgré les préservatifs je tombe enceinte, j’avorte et j’apprends que des médecins de mon département posent des stérilets à des jeunes filles de mon âge sans problème ; on m’explique que je suis simplement tombée sur un médecin qui est contre ou mal informé.

Cet avortement fût un énorme traumatisme pour moi ainsi que pour mon conjoint, quand j’ai mis mon médecin face à son erreur il ne s’est même pas excusé car si le préservatif n’a pas tenu « ce n’était pas de sa faute. »

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Je rappelle que les médecins ont l’obligation, de par la loi (Code de la Santé Publique et Code de déontologie :

"- Dès lors qu’il a accepté de répondre à une demande, le médecin s’engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s’il y a lieu, à l’aide de tiers compétents.

 Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension.

 Le médecin doit s’interdire, dans les investigations et interventions qu’il pratique comme dans les thérapeutiques qu’il prescrit, de faire courir au patient un risque injustifié."

Manifestement, le médecin de cette jeune femme n’a pas lu (ni compris) le code de Déontologie.
Il est regrettable qu’en France, il ne soit pas encore possible à un.e patient.e de porter plainte contre un médecin qui, envers et contre la loi et ses obligations professionnelles, fait obstacle à sa liberté et, en l’induisant en erreur, la soumet à une grossesse et à une IVG non désirées.
MW




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