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Deux témoignages de femmes

27 mars 2005

Régulièrement, je reçois des messages dans lesquels des lecteurs ou des lectrices, après avoir lu un article mis en ligne, partagent leurs réflexions, leurs réactions, leurs expériences.

Merci à tous et à toutes, et en particulier à celles qui m’ont envoyé les deux témoignages qui suivent.



Choisir son accouchement

J’aimerais témoigner à propos des conditions d’accouchement puisque vous avec lancé ce vaste sujet sur le site.
Ma fille a 16 mois maintenant, et après 11 mois de "baby-blues" (plutôt une dépression post-natale non diagnostiquée je crois), j’ai finalement admis que mon accouchement s’était très bien passé mais que la naissance de ma fille s’est très mal passée... Je m’explique.

J’ai accouché en clinique, sous péridurale comme je le souhaitais. Elle n’était pas trop dosée, je sentais les contractions, mais étant donné que le travail a duré 18 heures (j’ai eu la péri au bout de 6 heures), j’étais contente de ne pas souffrir !
L’expulsion a été très longue, 50 minutes environ, je n’ai pas compté le nombre de poussées... finalement ma fille est née sans forceps car le médecin a eu la patience d’attendre un peu. Par contre j’ai eu une épisiotomie, mais je m’y attendais.

Ce que je regretterai toute ma vie, c’est qu’on a emmené ma fille immédiatement après la naissance. Je l’ai vue quelques secondes, puis elle a été emmenée pour la désencombrer, elle a été baignée, mise en couveuse 2 heures, et je ne l’ai récupérée qu’après avoir été recousue, etc. D’après les soignants, c’était nécessaire car l’expulsion ayant été très longue, il fallait vérifier l’absence d’infection.

Pourtant cette séparation a été la cause d’une grande difficulté pour moi à établir un lien avec mon bébé, malgré un allaitement qui s’est très bien passé, j’ai mis 11 mois à réaliser pourquoi je souffrais de ne pas arriver à aimer ma fille autant que je l’avais imaginé.
Depuis cette prise de conscience, tout va bien, notre relation a beaucoup changé et je l’aime plus que tout !

Mais je sais maintenant ce que je ne veux pas pour mon prochain accouchement. J’espère trouver une maternité compréhensive et je compte écrire un projet de naissance pour être sûre de ne pas être séparée de mon bébé, ou au moins que son papa puisse rester tout le temps auprès de lui. Là où j’ai accouché le papa ne pouvait pas assister aux soins, soi-disant parce qu’ils avaient eu des problèmes de pères qui se trouvaient mal, etc.

Je suis reconnaissante d’avoir bénéficié de la médicalisation (péridurale, perfusion, etc) car je pense que si je n’avais pas eu la péri, je n’aurais pas pu expulser mon bébé après 18 heures de travail. J’aurais certainement eu des forceps ou même une césarienne. Je me fiche d’être examinée 15 fois pendant le travail, ou de ne pas pouvoir bouger pendant l’accouchement.
Par contre je ne comprends pas pourquoi la mise en place de la relation mère/enfant n’est pas davantage protégée et encouragée, et je suis sûre que cela se passe ainsi dans beaucoup de maternités...

Voilà, j’ai été longue, mais c’est un sujet qui me tient à coeur ainsi qu’à de très nombreuses femmes je pense.

M.


Une vie de femme

J’ai bientôt 54 ans, et à force de lire régulièrement vos articles et autres interventions, de vous suivre au fil de vos productions littéraires, j’ai aujourd’hui envie d’apporter ma petite goutte d’eau à votre moulin.
A mon âge, je suis passée par toutes les périodes que vous avez évoquées de nombreuses fois.

Je détaille :
Née en 1951, je n’ai été majeure qu’en 1973 ( à 21 ans, eh oui) et donc en théorie obligée de demander à Papa Maman une autorisation écrite pour pouvoir prendre la pilule avant cet âge fatidique ; heureusement pour moi, je suis à cette époque partie vivre quelques temps en Angleterre où il existait déjà des centres d’orthogénie gratuits... et anonymes.

Plus tard, vivant avec celui dont j’avais envie qu’il soit le père des enfants que je voulais avoir et étant lasse de la pilule, je me suis battue et ai changé de gynécologue plusieurs fois jusqu’à ce que je trouve celle (militante du planning familial) qui accepte de poser un DIU à une nullipare, de le lui
retirer le jour où elle a voulu fabriquer un bébé, et de le lui remettre ensuite... tout ceci sans aucun inconvénient d’aucune sorte.

Par contre, pour le bébé, ça a été un peu moins bien : 10 jours de retard à l’accouchement (le Papa était loin et le bébé l’a attendu... on ne dira sans doute jamais assez les interfaces cerveau-corps) pour finalement subir une césarienne en urgence après 5 heures de "travail" pour rien : le lendemain, la sage-femme voyant mes pieds nus m’a demandé : vous chaussez du combien ? Ma
réponse (35,5 !!! malgré mon 1,65 m) a provoqué l’exclamation suivante : vous auriez dû me le dire !!! : il paraît qu’il y a un lien entre pointure et ouverture possible du bassin. C’est vrai, ça ?

Ma vie de femme continuant, j’ai ensuite décidé pour diverses raisons de ne pas avoir d’autre enfant et ai alors demandé une ligature de trompes histoire de me débarrasser de la contraception. Là, fin de non recevoir à tous les étages : je n’ai jamais pu l’obtenir des quelques médecins, gynécos ou non, à qui j’en ai parlé. Les refus étaient parfois fondés (s’il arrive quelque chose à votre fille vous pourriez avoir envie d’en faire un autre !!!... c’est illégal...) parfois non. J’ai failli aller le faire faire en Angleterre, puis ai renoncé.

J’en arrive au dernier épisode : la ménopause. La gynéco propose un traitement substitutif et la balance accuse le coup : 4 kilos en 6 mois. Je dis j’arrête, on me dit c’est indispensable pour prévenir de l’ostéoporose. Mais je ne sais même pas si je suis exposée à ça ! Je me renseigne et vais faire examiner mon ossature dans un centre spécialisé : conclusion, j’ai les os d’une femme de 30
ans (je suis sportive, ça a peut-être quelque chose à voir) et donc aucun besoin de traitement.

J’ai arrêté, ai patienté et les symptômes désagréables du moment (bouffées de chaleur, lassitude, insomnies....) se sont estompés tout seuls. Très vite cependant une vie sexuelle rendue difficile par la sécheresse vaginale : j’ai changé de gynéco et on ne s’occupe plus que de ça. Tout va bien, j’ai retrouvé une harmonie personnelle qui fait que les sautes d’humeur se sont très nettement raréfiées !
Voilà, simple témoignage sans doute ...

B.




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