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Vaccin anti-HPV : réactions d’une gynécologue choquée.
par Véronique T.

4 novembre 2007


Extrêmement choquée du message global que vous donnez à travers votre article sur le vaccin HPV, il me paraît important qu’une réponse contrebalançant vos propos suive votre article, afin que les patientes disposent d’une information complète et éclairée.

Vous comparez de façon très malhonnête le vaccin et le frottis...Le vaccin empêche (à un pourcentage bien plus élevé que vous ne le dites, nous y reviendrons plus tard) l’apparition de lésions : c’est de la prévention primaire. Le frottis DETECTE les lésions : c’est de la prévention secondaire. Rien à voir donc entre les deux ! Ce sont des bases de santé publique.
Le frottis dont vous faites l’éloge, et qui selon vous, suffirait à lui seul, a en réalité (et vous avez omis de le dire...) 30 à 50 % de faux négatifs selon les études !
Et quand le frottis dépiste une lésion, les traitements de ces lésions sont le laser et la conisation, loin d’êtres anodins, comme le savent les gynécologues (complications opératoires et anesthésiques, baisse de fécondité, sténose du col, menace d’accouchement prématuré sur col raccourci etc). Vous avez omis d’en parler...
Bref, le frottis : oui bien sûr, mais avec de nombreux faux négatifs et qui dépiste des lésions déjà installées qu’il convient donc de traiter.
Voilà un premier bilan qui me paraît déjà un peu plus honnête pour nos patientes.

Le vaccin, quant à lui, PROTEGE, comme son nom l’indique. Il empêche donc les lésions d’apparaître. C’est déjà mieux, non ?
À hauteur de quel pourcentage ? Et là, pareil, vous donnez des chiffres sans explication réelle... 70 % ? Oui, exact, mais sur la population générale, dans les indications de la Sécu, c’est-à-dire comprenant des femmes en réalité non naïves (=déjà exposées au virus). La prévention du cancer du col par le vaccin est proche de 100 %, si ce vaccin n’est réalisé que sur une population strictement naïve (=jamais exposée). Le problème n’est donc pas l’efficacité du vaccin, comme vous le sous-entendez, mais bien à quelle population il est appliqué ! Mettez donc tout votre dynamisme à vacciner les filles vierges et donc non exposées, ou informer leurs mères...et on s’approchera des 100 %

Autre petit oubli de votre part, si je peux me permettre : se faire vacciner contre l’HPV 16-18-6-11 (Gardasil puisque vous le citez), c’est être protégé aussi contre au moins le 31 et le 45, grâce à la protection croisée...Ca fait donc plus que quatre...

Les patientes qui en sont atteintes savent que les condylomes ne sont pas simplement des petites verrues qui partent toutes seules...
Quid des lésions extra-cervicales ? Vaginales, vulvaires, anales ? Qui seront également prévenues par le vaccin, vous ne le mentionnez pas...

Oui il est possible qu’on soit amené à faire un rappel du vaccin à 5 ans. Et alors ?
Oui il est possible que des effets secondaires apparaissent. Mais pour quels bénéfices !! Arrêterons-nous la vaccination contre la coqueluche parce que des cas d’encéphalopathie ont été décrits ?
Je vous cite : « Personnellement, je pense qu’il y a de fortes objections à vacciner sans leur consentement des mineurs pour prévenir des maladies contre lesquelles il existe un traitement ou une autre prévention possible. » Si je vous comprends bien, on pourrait se passer de la vaccination antitétanique car on y survit grâce aux progrès de la réanimation. Et ne parlons pas de la coqueluche, pour laquelle un traitement par antibiotiques existe !

Vous mettez en parallèle, de façon tout à fait orientée, le cancer du col et le cancer du sein, qui est bien plus fréquent que le 1er, je suis évidemment d’accord. Mais pourquoi ne pas profiter d’un vaccin contre le cancer du col, sous prétexte qu’il est moins fréquent qu’un autre ? Je ne vous suis pas ... Ne vous vaccinez pas contre la diphtérie, car elle est moins fréquente que le VIH ?!?!
Le souci c’est qu’il n’y a, malheureusement, pas de vaccin contre le cancer du sein à l’heure actuelle. Mais empêcher 3400 nouveaux cas en France par an, c’est déjà ça, docteur Zaffran, c’est déjà ça.

Le marketing organisé autour de ce vaccin n’est peut être pas très heureux, je vous le concède (mais ne me faites pas croire que vous découvrez l’industrie pharmaceutique aujourd’hui...). Mais alimenter ainsi, et de façon malhonnête, les craintes de nos patientes sur les vaccins n’est pas à votre honneur. Vous ne devriez pas, heureusement, avoir trop de décès sur la conscience puisque les quelques patientes que vous aurez réussi à effrayer et convaincre seront protégées par la couverture vaccinale de la population générale ; elles auront, grâce aux patientes vaccinées, peu de chance de croiser le virus, Dieu merci.

Pour conclure, une question : Docteur Zaffran, combien avez-vous vu de patientes (toujours jeunes !) mourir de leur cancer du col, c’est-à-dire se vider de leur sang sous vos yeux et ceux leurs enfants ? Moins que moins visiblement...
Toute jeune gynécologue que je suis, j’avais beaucoup d’estime pour les connaissances en contraception que vous, médecin généraliste, vous avez et que vous prodiguez avec beaucoup de générosité à nos patientes. En pathologie cervicale et cancérologie, vous êtes nettement moins bon. Par pitié, ne soyez au moins pas dangereux.

Véronique T.

P.S.

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