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Lecture critique
Peut-on comparer la pilule à un vaccin ? (A propos des accidents thrombo-emboliques liés à la vaccination anti-covid)
Article du 13 avril 2021

Les observations d’accidents thrombo-emboliques après vaccination contre la Covid-19, d’abord avec le vaccin Astra-Zeneca puis, récemment (13 avril 2021) avec le vaccin Johnson & Johnson, ont entraîné des réactions vives. "Pourquoi, demandent-on, fait-on tout un foin des thromboses sur vaccin alors que le risque est supérieur pour une femme qui prend la pilule" ?

Le texte qui suit vise à replacer les choses en perspective.

Je commencerai par rappeler que ce site, consacré en grande partie à la santé des femmes, n’a jamais hésité à rappeler que certaines pilules peuvent chez certaines femmes, provoquer des accidents thrombo-emboliques — c’est à dire une phlébite (caillot dans une veine du mollet) et parfois une embolie (le caillot s’en va dans un organe, le plus souvent le poumon, et y fait d’autres dégats).

Quelques rappels :

le risque de thrombose varie avec le type de pilule ; il est inexistant avec les pilules contenant seulement des progestatifs ; il existe surtout quand la pilule est "combinée" (progestatif + estrogène)

le risque de thrombose lié à la pilule s’élève  :
— pendant les 12 à 24 premiers mois d’utilisation
— chez les femmes qui ont des antécédents familiaux (phlébite, embolie, infactus du myocarde) chez un(e) parent(e) proche avant l’âge de 50 ans
— chez les femmes de plus de 35 ans et un peu plus chez celles qui fument
(on peut continuer à prendre des estrogènes quand on ne fume pas ; et on a le droit de vouloir la prendre si on fume et on a moins de 35 ans)
— en cas de poids élevé (IMC > 25)
— légèrement pour les pilules les plus anciennes (2e génération, contenant le lévonorgestrel comme progestatif, car il réduit l’effet de l’estrogène) (15 pour 100 000 femmes par année d’utilisation)
— un peu plus pour les pilules de 3e et 4e génération qui contiennent un autre progestatif (30 pour 100 000 femmes par année d’utilisation).

D’un point de vue général, il est conseillé de cesser toute pilule estro-progestative après 35 ans quand on fume ; et, quand on ne fume pas, de n’utiliser que des pilules de 2e génération...

A titre de comparaison, le nombre de cas de thromboses chez les femmes ne prenant pas la pilule est de 2 pour 100 000.

C’est la raison pour laquelle il est recommandé d’utiliser des pilules de 2e génération (contenant du lévonorgestrel) quand on débute une contraception par pilule, et de passer éventuellement à une autre au bout de 12 à 24 mois d’utilisation.

le risque de thrombose est moins élevé sous pilule que pendant une grossesse en raison des modifications importantes de la circulation et de l’imprégnation hormonale. Une femme enceinte court un plus grand risque de mourir qu’une femme qui prend la pilule. On ne le dit pas assez souvent, et on devrait le rappeler régulièrement.

Le risque de thrombose (chiffres du CDC américain) pour les femmes enceintes est de 50 à 200 pour 100 000 grossesses !!! Soit 3 à 6 fois plus que sous pilule...

*****************

Le risque de thrombose dû à une vaccination anti-covid et le risque de thrombose dû à la pilule sont-ils similaires et comparables ?

Non, et voici pourquoi.

1° le vaccin est administré une ou deux fois ; la pilule est prise tous les jours pendant plusieurs mois ou années. Il ne s’agit pas du tout du même genre de médicament ; l’un a des effets indésirables qui durent quelques jours ; l’autre peut provoquer des effets indésirables enquiquinants mais sans danger (l’acné, ou à la baisse de la libido...) ou dangereux (thromboses) et cela tant qu’elle est prise, c’est à dire pendant des années !!!

2° le vaccin est un médicament destiné à prévenir une maladie contre laquelle il n’existe pas de traitement efficace à coup sûr ; la pilule, elle est destinée à protéger une femme d’un événement physiologique (la grossesse) dont elle ne veut pas. Les objectifs thérapeutiques de l’un et de l’autre ne sont pas comparables.

3° le vaccin est administré à des personnes de tous les genres et de tous les âges ; la pilule n’est (en principe) prise que par des femmes susceptibles d’être enceintes ; ce ne sont pas les mêmes populations et les mêmes circonstances ; toute comparaison est donc ininterprétable : c’est comme si vous compariez les cerisiers soumis au gel au printemps aux amandiers soumis à la sécheresse pendant l’été...

4° face à la Covid-19, le vaccin est à l’heure actuelle la seule mesure préventive existante ; en matière de contraception, les utilisatrices ont d’autres options que les pilules estro-progestatives

5° la Covid-19 est une maladie contagieuse ; la vaccination a une dimension de santé publique ; si je me vaccine, je protège aussi les autres. La grossesse n’est pas une maladie, et elle n’est pas contagieuse. Quand je prends une contraception, je ne protège que moi. L’impact n’est donc pas du tout le même.

Est-ce que le risque de thromboses lié à la pilule a été négligé ?

Par certains, mais pas par d’autres. Je m’explique : les chercheurs connaissent le risque depuis longtemps. En effet, n’oublions pas que les effets indésirables de la pilule sont étudiés et connus depuis... 60 ans !!!!

A partir de ce qu’ils savent, les scientifiques informent les pouvoirs publics. Ceux-ci font rédiger des notices de médicaments qui indiquent les risques. Malheureusement, les industriels, de leur côté, masquent parfois les risques et, plus souvent encore, suggèrent aux médecins de prescrire des médicaments en dehors des indications reconnues. L’exemple le plus parlant est celui de Diane 35, qui n’a pas été autorisée à être prescrite comme pilule (mais comme traitement de l’acné) et qui l’a été, pourtant, par de nombreux médecins. Cette prescription "hors AMM - autorisation de mise sur le marché" est responsable d’accidents vasculaires qui auraient pu et dû être évités.

Si négligence il y a eu, elle ne se trouve pas du côté de la science, mais de celui des industriels et des praticiens qui n’en tiennent pas compte...

En principe, toute prescription de pilule devrait être précédée d’une conversation très précise expliquant à l’utilisatrice quels antécédents personnels et familiaux suggèrent de ne pas utiliser une pilule estro-progestative. Cette conversation est beaucoup plus importante que l’examen gynécologique, qui ne sert strictement à rien si la femme ne se plaint de rien...

Et aucun médecin ne devrait prescrire en tant que pilule un traitement prévu pour traiter l’acné... Ce ne sont pas les mêmes situations.

De sorte que, si tous les médecins faisaient leur boulot qui consiste d’une part à respecter les recommandations scientifiques, d’autre part à identifier les femmes qui ne devraient pas prendre une pilule estro-progestative, le nombre de thromboses serait moins élevé !!!

Est-il légitime de la part des pouvoirs publics de suspendre (en tout ou en partie) la vaccination anti-covid par certains vaccins ?

Oui, parce qu’à l’heure actuelle, l’apparition de thromboses imputables à un vaccin est trop récente pour qu’on ait le recul suffisant qui permettrait
— d’en définir la fréquence exacte (on connaît à peu près celle du AstraZeneca (4 pour 1 million de vaccinés) mais on ne connaît pas encore celle du J&J)
— d’en identifier les facteurs de risque (âge, poids, genre, autres maladies associées, etc.)
et donc d’écarter de la vaccination les personnes susceptibles d’en souffrir.
Choses que l’on connaît et que l’on sait faire quand il s’agit de la pilule.

Même si le risque de thrombose par vaccin est faible (plus faible que pour la pilule), la moindre des prudences consiste à la mesurer, et à identifier les personnes qui pourraient en souffrir.
Il est possible, par exemple, que les femmes qui prennent la pilule soient plus susceptibles de faire une thrombose si on leur administre le vaccin !!!! (On ne le sait pas, mais ça n’est pas impossible...) Ce serait bien de ne pas le découvrir à leurs dépens...

Et ce, d’autant plus qu’il n’existe pas seulement UN vaccin, mais plusieurs. Il est parfaitement légitime de ne pas recourir (fût-ce temporairement) à ceux qui présentent plus de danger que d’autres.

Prendre une pilule en connaissant les risques (ou en sachant qu’on n’en court pas) et en ayant la possibilité d’opter pour une autre méthode n’est pas la même chose que recevoir un vaccin dont on ne connaît pas les risques, mais qui est la seule option possible...

Est-il légitime de se révolter face à ce que certaines personnes considèrent comme "deux poids, deux mesures" ?

Ici, je répondrai de manière subjective ; je donne ici un point de vue, et non "l’état de la science", puisqu’on ne le connaît pas. Et mon point de vue n’est que ça : une opinion.

Je pense qu’on a toujours raison de se révolter contre une injustice ou un traitement favorisant qui lèse certaines personnes et pas d’autres. Mais ici, il me semble (et j’ai essayé de le montrer) qu’il s’agit de deux problèmes complètement distincts.

La révolte face à des accidents thrombo-emboliques liés à la mauvaise prescription de la pilule (et à une information insuffisante) est pleinement justifiée et elle mérite toute l’attention des utilisatrices. Il n’est pas acceptable que des femmes soient exposées à un risque grave alors qu’elles veulent, tout simplement, vivre leur vie sans risque de grossesse.

La surprise face à l’arrêt (temporaire) d’utilisation de certains vaccins me semble, elle, le résultat d’une information insuffisante de la part des pouvoirs publics. Quand on décide qu’un médicament doit être suspendu, on doit expliquer pourquoi. Et on devrait aussi remettre les choses en perspectives... Ca n’a pas été fait, il me semble. J’espère que ce texte palliera un peu ce manque d’information.

Merci de votre attention
Martin Winckler (Dr Marc Zaffran)

Quelques sources documentaires : "Contraception Your Questions Answered" par John Guillebaud ; Thromboembolism and pregnancy (Medscape : https://emedicine.medscape.com/article/2056380-overview#a6)

Et un article tout récent comparant l’incidence des thromboses due au vaccin et à la pilule : https://theconversation.com/blood-clot-risks-comparing-the-astrazeneca-vaccine-and-the-contraceptive-pill-158652

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