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"Les Trois Médecins" : un roman d’aventures et de formation (médicale)

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La sécurité sociale paie un médicament essentiel au prix fort
par Martin Winckler
Article du 17 août 2004

Le prix du Rimifon (isoniazide), médicament phare contre la tuberculose, vient d’être multiplié par 10. Or, la maladie connaît actuellement une importante recrudescence en région parisienne.



Interrogé par Le Parisien, Michel Bouchara, président des laboratoires Pharmion, qui commercialise le Rimifon déclare : « Cette augmentation tarifaire a fait l’objet de nombreuses discussions avec les autorités compétentes. J’ai fait valoir que je ne pouvais plus continuer à commercialiser à son ancien prix un médicament dont les ventes restent dérisoires ». (Alors que, justement, la maladie est en recrudescence...)

Au ministère de la Santé, on estime qu’il s’agit d’un médicament indispensable dont les volumes de ventes ne permettaient plus l’exploitation au prix ancien. Sans augmentation tarifaire, il aurait disparu du marché. Le prix du médicament a été multiplié par 10 sans que la Caisse Nationale d’Assurance Maladie ait vraiment été consultée. Le coût pour la Sécu passe de 250 000 euros par an à 2,5 millions d’euros...

Pour un laboratoire, quand on peut faire cracher dix fois plus à la sécu, 250 000 Euros c’est dérisoire, effectivement !

Des remarques de béotien : l’isoniazide fait partie de la plupart des listes de Médicaments Essentiels (dressées sous l’égide de l’OMS), considérés comme indispensable dans les pays en développement. On s’étonne que ce qui est "Essentiel" pour ces pays-là devienne "superflu" pour le nôtre.

La substance a été commercialisée pour la première fois il y a au moins quarante-cinq ans. Il est douteux que son brevet soit encore la propriété exclusive de Pharmion.

Qu’est-ce qui empêche le gouvernement français (comme le gouvernement brésilien le fait avec les médicaments du sida) d’inciter un autre laboratoire à le commercialiser sous forme de générique - et donc, de faire jouer la concurrence ? D’autant plus que l’isoniazide, médicament essentiel, ne nécessite ni marketing coûteux, ni emballages sophistiqués et attractifs pour être vendu : il est IN-DIS-PEN-SA-BLE en cas de tuberculose !!!

D’ailleurs, la France n’est pas le seul pays d’Europe à subir cette augmentation. Dans le n°24/04 du Bulletin Fédéral de la Santé Suisse, on pouvat lire, en juin dernier, l’information suivante :
L’isoniazide (Rimifon (r)), médicament antituberculeux à effet bactéricide, est utilisé pour le traitement de l’infection tuberculeuse latente et de certains cas de tuberculose, lorsque les médicaments combinés ne peuvent pas être prescrits. En Suisse, il est utilisé chaque année par plusieurs centaines de personnes. En raison d’une augmentation récente, massive et inattendue du prix du médicament décidée par le producteur étranger, l’entreprise de distribution Suisse a dû interrompre la livraison du produit.
(...)
Il en résulte une rupture momentanée des stocks qui pourrait conduire prochainement à une interruption des traitements en cours. Conscient du problème, le Centre de compétence tuberculose de la Ligue pulmonaire Suisse a contacté les organes fédéraux et coordonne les négociations pour trouver une solution rapide.

Comme alternatives sont en discussion : une autorisation temporaire d’importation et de distribution pour un produit similaire par la pharmacie de l’Armée, une procédure accélérée de reconnaissance du nouveau prix du médicament, la fabrication du produit en Suisse ou l’introduction de médicaments génériques tels qu’ils sont employés par l’OMS et d’autres organisations internationales dans les pays en développement....

Les Suisses sont décidément beaucoup plus intelligents que les Français...

Enfin, on peut aussi observer qu’en France, les préfets n’hésitent pas à réquisitionner les médecins en cas de besoin, et qu’on envisage sérieusement de contraindre les jeunes médecins à s’installer là où on a besoin d’eux, mais que le gouvernement se refuse à obliger (ou à inciter fortement) un laboratoire à poursuivre la production d’un médicament d’importance majeure pour la santé publique du pays.

C’est à de « petites différences de traitement » comme celle-là qu’on en vient à penser qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. Dans le domaine de la santé, comme ailleurs.

Martin Winckler

Pour télécharger un exemple de liste de médicaments essentiels (2003), cliquer sur l’icône de livre en bas de page.

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