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Femmes et politique sous l’Ancien Régime
par Marjolaine Boutet
Article du 12 août 2006

En lisant la biographie de Marie-Antoinette par Antonia Fraser (Flammarion, 2006), j’y ai trouvé une analyse intéressante sur la place de la femme à la cour des rois de France. En bref, elle expliquait que, contrairement à beaucoup d’autres sociétés européennes, en France, les femmes ont été à partir du XIVème siècle totalement exclues de la succession au trône. Cette « loi salique » avait été promulguée en pleine guerre de Cent ans, pour empêcher la famille royale anglaise de faire main basse sur le royaume de France, en l’absence d’héritiers capétiens « directs ». (...)


Marie de Médicis et Louis XIII



Légende de l’illustration :
"La majorité de Louis XIII" (20 octobre 1614), par Pierre Paul Rubens (entre 1622 et 1625, huile sur toile, musée du Louvre, Paris)

Cette toile est le 19ème tableau d’une série de 24 que Marie de Médicis avait commandée au peintre flamand pour décorer son palais du Luxembourg (actuel Sénat). Elle est intéressante car elle symbolise la fin de la régence de Marie de Médicis (1610-1614) au moment où son fils atteint la majorité (qui était fixée à 13 ans pour les rois de France).Le manque d’expérience politique des reines de France a souvent fait des périodes de régence des périodes de troubles et d’instabilité (cf. la période de la Fronde, pendant la minorité de Louis XIV et la régence de sa mère Anne d’Autriche). Drapée de noir (rappelant son statut de veuve d’Henri IV), la reine-mère (!) adopte une posture d’humilité face au jeune adolescent auquel les plus grandes gloires semblent être promises. Il est également significatif que Louis XIII soit le seul homme sur le tableau...


(suite de l’article)

En effet, en 1328, Charles IV le Bel, dernier fils de Philippe IV le Bel, meurt sans héritier. Sa sœur Isabelle avait épousé Edouard d’Angleterre et son fils Edouard aurait donc pu prétendre à la couronne de France. (c’est le sujet par exemple, des Rois Maudits de Maurice Druon, récemment réadapté à la télévision française par Josée Dayan...) Philippe VI de Valois, fils de Charles de Valois, frère de Philippe IV, est alors désigné roi de France selon le principe de la « loi salique », mais cette lignée manquera de légitimité, jusqu’aux actions de Jeanne d’Arc qui aboutirent au sacre de Charles VII à Reims en... 1429.
Cette exclusion par principe des femmes de la succession au trône a eu des conséquences importantes pour la place des femmes dans la société française, et en particulier pour la place des femmes à la cour de France.

Dans de nombreux pays d’Europe, en l’absence d’héritier mâle (un homme, c’est quand même mieux pour gouverner....), des femmes ont régné : en Espagne (Isabelle la Catholique, reine de Castille et de Léon de 1474 à 1504), en Angleterre (Elizabeth I, reine de 1558 à 1603), en Suède (Christine, reine de 1632 à 1654), en Autriche (Marie Thérèse, impératrice et reine de Hongrie et de Bohême de 1740 à 1780), en Russie (Catherine II, impératrice de 1729 à 1796), et ce ne sont que les exemples les plus illustres... Qu’elles soient mariées ou pas, ces femmes ont réellement gouverné leur royaume, et souvent de façon remarquable.

En France, à partir du XIVème siècle donc, les femmes de la cour n’ont pu jouer un véritable rôle politique que dans deux situations bien précises : en tant que maîtresse du roi ou en tant que mère d’un roi trop jeune pour régner seul... Il semble que cela corresponde bien aux fameux « stéréotypes latins », qui ne voient les femmes que comme mère ou putain... Le rôle d’épouse n’est pas vraiment valorisé. L’épouse doit être soumise et silencieuse. Et son rôle "sexuel" n’a de sens que s’il débouche sur la maternité...

À la cour de Naples (pays latin), il était inscrit dans le contrat de mariage de Marie-Caroline (soeur de Marie-Antoinette, mariée un an auparavant, en 1769) qu’elle obtiendrait un siège au Conseil d’Etat, c’est-à-dire un rôle politique, à partir du moment où elle aurait "produit un héritier mâle"... Une "gratification" pour "service rendu à la couronne", en quelque sorte...

Toute ceci pour montrer que, dans une société profondément catholique et latine comme la France, il reste difficile de concevoir une femme autrement que comme une mère ou une mère potentielle (la catégorie « putain » n’étant pas valorisée socialement)... Par conséquent, ce « désir inconscient » de grossesse qu’on leur prête ou qu’elles reconnaissent parfois elles-mêmes ne serait-il pas, au fond, simplement le désir d’exister socialement ?

Marjolaine Boutet.

Lire l’article de Martin Winckler sur le "désir inconscient de grossesse"

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