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Qui écoute les auditeurs de France Inter ?
12 septembre 2002 (chronique faite à France Inter)

20 août 2004

Quand un auditeur a envie de communiquer avec sa radio, il écrit un courrier, envoie un e-mail en passant par le site internet de Radio France, ou il compose le numéro des relations avec les auditeurs et tombe sur une voix et des oreilles attentives qui l’écoutent, lui répondent et se chargent de transmettre son message à qui de droit. J’ai commencé à tenir cette chronique il y a quarante- huit heures et, déjà, mes propos ont provoqué beaucoup de réactions. Les messages relevaient en gros de trois catégories : les auditeurs qui n’avaient pas tout entendu et voulaient réentendre ou lire précisément ce que j’avais dit ; les auditeurs qui trouvaient ça plutôt bien et les auditeurs qui étaient franchement en colère.



Je suis auditeur de France Inter depuis que je suis tout petit, mais je ne n’étais jamais demandé qui répond au téléphone, dans ma station préférée. Je l’ai appris hier, lorsque j’ai reçu un coup de fil de Catherine Gaiffe, qui dirige le service des relations avec les auditeurs, me disant qu’elle avait beaucoup de messages à me transmettre et me demandant à quelle adresse me les envoyer.

Moi qui ai pris l’habitude des répondeurs automatiques un peu déshumanisés qui vous demandent d’attendre le bip pour parler, et des sites internet où il suffit de cliquer pour faire apparaître un formulaire de message, je me suis senti honteux de ne pas avoir pensé que dans une radio, quand on appelle pour demander quelque chose, il y a des personnes qui répondent. Alors, ai-je demandé mon interlocutrice, à France Inter, comment ça se passe ?

Catherine Gaiffe m’a expliqué qu’il y a en gros deux cas de figure : dans le premier, les auditeurs veulent réagir ou participer à une émission qui est à l’antenne. Là, ils appellent le 43 24 70 00 et des hôtesses notent leurs questions pour les transmettre à l’animateur ou à l’invité. Dans le second cas de figure, s’ils veulent envoyer un message à une personne précise, ils contactent le service des relations avec les auditeurs au 08 92 68 10 33. La ligne est ouverte du lundi au vendredi de 9 h 30 à 18 h 00. La nuit, un répondeur prend les messages qui sont relevés chaque matin, en même temps que sont dépouillés les nombreux courriers, fax et messages électroniques.

En entendant ça, je dis à Catherine Gaiffe : « Quel boulot ! Combien êtes-vous pour le faire ? » et elle me répond : « Eh bien pour France Inter il y a trois permanentes en semaine, et une le week-end : elles se nomment Noella, Monique, Thérèse et Valérie. Et elles ont beaucoup de travail... Et, parfois c’est un peu dur. »

Je m’étonne : « Bon, mais même s’ils sont agacés par un énergumène comme moi, les auditeurs ne sont pas toujours désagréables, j’espère ? » et elle me répond, avec délicatesse : « Pas toujours, mais c’est de plus en plus difficile, surtout depuis l’an dernier, avec le 11 septembre, et puis les élections, ça nous a valu pas mal de courriers et de coups de fil très, très énervés de la part d’auditeurs qui n’étaient pas contents et qui manifestement, avaient bien besoin de s’exprimer... » Et elle conclue : « Ce sont plus souvent les gens mécontents, qui appellent. On aimerait bien que les gens qui sont contents d’un programme ou d’une émission nous appellent aussi... »

En comprenant à demi-mot que depuis ma chronique d’avant-hier, Noella, Monique Thérèse et Valérie étaient un tout petit peu surchargées, là-bas, au bout du fil, je me suis dit que j’avais fait fausse route. Comprenons-nous bien : je ne crois pas que les idées d’un homme vaillent mieux que celles d’un autre - même et surtout si cet homme cause dans le poste. L’objectif de cette chronique est de stimuler l’auditeur matinal pour l’aider à se réveiller, pas de le mettre en rogne de bon matin. Mais j’ai cru, naïvement, que je restais un simple citoyen qui donne son avis en toute subjectivité, et je me trompais. Les réactions des auditeurs en témoignent, les choses sont plus compliquées que ça. Quand on vous donne la parole tous les jours à l’antenne, cette parole a un poids ; il faut prendre la mesure des répercussions de ce que l’on dit. J’ai compris, je ne l’oublierai plus.

Et j’en profite pour remercier une nouvelle fois Noella, Thérèse, Monique, Valérie et Catherine qui, tous les jours de l’année, permettent aux auditeurs et aux chroniqueurs de France Inter de prendre la parole à leur tour.




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