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Comment explore-t-on les océans ?
28 octobre 2002

13 septembre 2004

Depuis toujours, l’océan fascine. Il suffit d’allumer sa télévision et de tomber sur un documentaire consacré aux profondeurs pour cesser de zapper et se laisser fasciner par les poissons et les coraux. Mais il y a deux océans. Celui qui se trouve à quelques mètres sous la surface et que l’on filme à la lumière naturelle, et l’autre, celui des grands fonds, où il est si difficile de s’aventurer.



La multiplication des émissions de télévision consacrées à la mer (et la très prochaine apparition d’une chaîne du câble qui lui sera intégralement vouée) ne doit pas nous faire oublier qu’au delà de quelques centaines de mètres de profondeur, l’exploration sous-marine reste très difficile. Car pour explorer le fond de l’océan, il ne suffit pas d’emporter de la lumière, il faut aussi lutter contre la pression colossale qui s’exerce sur les corps immergés à mesure qu’on s’y enfonce.

L’exploration des océans est toute récente. Le premier record de plongée profonde avait été établi en 1934 par la batysphère, qui contenait deux hommes dans un diamètre de 1,50 m, et avait atteint plus de 900 mètres, mais pendant la seconde guerre mondiale, les sous-marins ne pouvaient pas plonger en-dessous de 150 mètres.
Pendant les années 50 et 60 les choses se sont accélérées : en 1948, le FNRS 2, un drôle d’engin ressemblant à un champignon descend jusqu’à 1366 mètres, mais sans passager. En 1960, à bord du sous-marin Trieste, Jacques Piccard et Don Walsh atteignent 11 020 mètres dans la fosse des Mariannes, la plus grande profondeur marine connue. Moins spectaculaire mais plus maniable, l’Oursin, la soucoupe plongeante du commandant Cousteau, descendait couramment à 300 mètres avec deux hommes à son bord, au début des années 60. Tandis que le NR-I, un sous-marin de recherche américain lancé en 1969, atteignait couramment 700 mètres pouvait rouler sur les fonds sous-marins grâce à des roues.

Aujourd’hui , grâce aux progrès technologiques, la plupart des engins d’exploration des grandes profondeurs sont inhabités : il est en effet moins dangereux d’envoyer un robot téléguidé équipé de caméras que de faire descendre des hommes.

L’exploration des fonds sous-marins nécessite en outre de faire appel à des appareils sophistiqués, qui émettent des ondes sonores ou ultrasoniques et permettent d’analyser l’écho produit lorsqu’elles sont renvoyées par un obstacle - faute de quoi la recherche des épaves, par exemple, équivaudrait à celle d’une aiguille dans une meule de foin.

Lorsque la mission océanographique co-dirigée par Robert Ballard et Jean-Louis Michel découvre l’épave du Titanic en 1985, cela fait cinq semaines qu’elle sonde les océans en vain. La chance finit par leur sourire lorsque une caméra vidéo-sonar télécommandée dénommée Argo repère les premiers débris et permet de rejoindre l’épave proprement dite. Mais le Titanic gît par près de 4000 mètres de fond. C’est donc seulement l’année suivante que Ballard s’approchera du paquebot englouti avec deux compagnons dans un minuscule submersible nommé Alvin, qui se mettra à prendre l’eau au moment ultime, les obligeant à remonter.

Tenace, Ballard redescendra onze fois sur l’épave avec Alvin, aidé cette fois-ci de Jason Junior, autre robot télécommandé qui lui permettra d’en explorer le moindre recoin. Si nous pouvons aujourd’hui voir des images du Titanic, c’est donc surtout grâce aux progrès de la robotique, de la vidéo et de la transmission des informations à distance - de même que les sondes Voyager ou le téléscope spatial Hubble nous renseignent sur les objets éloignés de notre univers.

Dans une certaine mesure, l’océan tout proche nous reste aussi inaccessible que l’espace interstellaire. Ironique, vous ne trouvez pas ?

P.S.

Source : National Geographic, Hors Série N°1, Octobre 2002




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