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Contraception : questions / réponses 12

14 novembre 2004

Les sujets abordés cette semaine :

 Pilule et fertilité (Holgyème)
 Questions d’ordre général sur le DIU
 IVG médicamenteuse
 Grossesse sur DIU
 Pilule et hypercholestérolémie


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- Pilule et fertilité (Holgyème)

Je prends Holgyème comme contraceptif et traitement d’une acné rebelle depuis presque 2 ans (anciennement Trinordiol). Je viens d’arrêter la pilule (le 14 octobre) car nous souhaitons avoir un deuxième enfant.
Quelles conséquences la prise de cette pilule a-t-elle sur la durée de mes cycles, et surtout du premier cycle, et mes chances de tomber enceinte seront-elles majorées (6 mois en temps normal) ?
A.

Votre cycle naturel devrait se réinstaurer dans le mois (ou les deux mois) qui suivent l’arrêt de la pilule. Il n’y a pas de problème particulier pour débuter une grossesse après n’importe quelle contraception. D’autant plus que vous avez déjà été enceinte et que la fécondité de votre couple n’est donc pas en doute. Le délai de grossesse après fin d’une contraception (toutes méthodes comprises est le suivant (en comptant avec les aléas de la vie et de la sexualité) : 90 % des femmes sont enceintes dans l’année qui suit l’arrêt. Et on considère qu’un couple n’a de problème de fécondité qu’au-delà de 2 ans sans grossesse. Par conséquent, je vous dirai de vivre votre vie tranquillement, cette seconde grossesse viendra le moment venu... probablement très bientôt.

- Questions d’ordre général sur le DIU ("stérilet")

J’ai quelques questions sur les DIU :
- La pose d’un DIU est elle douloureuse ?

Si le médecin n’est pas une brute, non. Au pire, vous sentirez une crampe (comme lors de règles douloureuses) au moment où le DIU franchit le col (l’entrée) de l’utérus. Vous pouvez l’éviter en grande partie en prenant deux comprimés d’Ibuprofène (ou Advil, Nurofen, c’est pareil) deux heures avant la pose du DIU.

- Est-on sûr à 100% du principe d’action ? (notamment concernant l’implantation de l’oeuf ?)

Vous voulez dire : est-ce que ça peut être abortif ? Non. Le DIU hormonal (Mirena) agit en épaississant les sécrétions du col (entrée) de l’utérus. Donc, il a un effet barrière. Et tout ce qu’on sait actuellement est en faveur, pour les DIU au cuivre, d’un effet spermicide : quand on fait des prélèvements dans l’utérus d’une femme portant un DIU après un rapport sexuel, on ne trouve pas de spermatozoïdes : ils ont été détruits par le cuivre. Si le DIU était abortif, la plupart des femmes qui l’utilisent feraient, très logiquement, des fausses couches(autrement dit : elles élimineraient des grossesses débutantes une, deux ou plusieurs semaines après fécondation, donc après un retard de règles. Or, ce n’est pas le cas : les utilisatrices de DIU ont leurs règles à peu de chose près à la date où elles les auraient sans aucune contraception, ce qui montre qu’elles ne sont pas enceintes. Quand elles sont enceintes, la grossesse tient !

- Est il vrai que l’on doive vérifier la présence des fils après chaque règles ?

Théoriquement oui, mais je ne le conseille jamais car peu de femmes le font. Et ça n’empêche pas le DIU de tenir. Mais il n’est pas interdit de le faire si on veut.

- Le DIU est il moins efficace en cas de prise d’anti-inflammatoires ? Si oui l’Ibuprofène est il concerné ?

Non, c’est une légende franco-française, qui n’a jamais été démontrée. Je crois que je l’explique dans un article du site. Aucun médicament n’entraîne de diminution de l’efficacité d’un DIU. Et on utilise couramment les anti-inflammatoires (ibuprofène en particulier) pour faire diminuer les règles des femmes qui portent un DIU et dont les règles durent plus longtemps que spontanément.

- Dernière question, je suis nullipare, existe-t-il un terme plus gracieux que "nullipare" ?
R.

En dehors de "femmes sans enfant", il n’y en a pas. Nullipare est assez laid (comme "multipare") mais c’est le terme médical consacré. C’est - comme "stérilet" - un terme malheureux.

- IVG médicamenteuse

J’ai cherché en vain dans votre livre sur les contraceptions les éventuelles contre-indications à l’IVG médicamenteuse. Y en a-t-il ? Quelles sont-elles ? (risque cardio-vasculaire ou autre ...)
Merci de me répondre rapidement, je vais peut-être avoir à prendre une décision dans les jours qui suivent. J’avais déjà posé la question pour infos il y a quelque temps à mon gynéco qui était resté évasif tout en mettant en avant la méthode par aspiration.
M.

La Mifégyne (mifépristone ou RU 486) utilisée pour les IVG médicamenteuses est contre-indiquée chez les femmes de plus de 35 ans, celles qui fument ou ont cessé de fumer depuis moins de deux ans, ou ayant des antécédents cardio-vasculaires (hypertension, angine de poitrine), ou ayant un asthme grave. Le risque est effectivement de provoquer un accident vasculaire chez une femme ayant des prédispositions pour cela - ce qui est rarissime chez les femmes de moins de 35 ans lorsqu’elles ne fument pas. A noter qu’une IVG médicamenteuse nécessite aussi la prise (2 jours après la mifépristone d’une prostaglandine (Cytotec) , qui complète l’effet.

Il y a d’autres contre-indications moins fréquentes. De toute manière, les personnes qui vous recevront au centre d’IVG où vous vous rendrez vous interrogeront soigneusement pour savoir s’il n’y a pas de danger vous en donner. Au centre où je travaille, et où la technique est utilisée depuis très longtemps, il n’y a jamais eu, que je sache, de problème grave car l’équipe respecte toujours cette procédure et les contre-indications. Mais souvenez vous que l’IVG médicamenteuse n’est efficace que jusqu’au 50e jour qui suit le premier jour des dernières règles que vous avez effectivement observées.

- Grossesse sur DIU ("stérilet")

Je sais qu’il est possible d’être enceinte avec un stérilet. Le début de cette grossesse est-il conforme aux autres ? Peut-on avoir des règles quand même ?
En résumé, si je n’avais pas eu mes règles, j’aurais déjà acheté un test de grossesse, parce que je ressens un certain nombre de symptômes qui me rappellent mes grossesses précédentes.
AS.

Oui, même si c’est moins fréquent que sous pilule, il est possible d’être enceinte avec un DIU. Les DIU les plus efficaces sont le TT 380 et le Mirena. Si vous voulez vraiment être tranquille, et si votre DIU n’est pas un de ces deux-là, faites le changer dès que possible (enlever et reposer doit se faire en UNE SEULE consultation, ne laissez pas le gynéco vous l’enlever sans vous en poser un autre).

Est-ce qu’une grossesse sur DIU se passe de la même manière qu’une autre ? Oui : tension des seins, nausées, sommeil, augmentation de l’appétit, etc. Est-ce que des règles peuvent apparaître quand même ? Oui. Mais en général elles sont différentes . Si vous pensez que vos règles n’étaient pas comme d’habitude, faites un test de grossesse par sécurité. S’il est positif, allez vous faire faire une échographie au centre de radiologie le plus proche (vous n’avez pas besoin d’être envoyée par un médecin, demandez rendez-vous au radiologue/échographiste et expliquez lui votre situation). Il arrive que la grossesse qui "passe à travers les mailles du DIU" se développe hors de l’utérus (dans une trompe). Si vous êtes enceinte avec votre DIU, il faut s’assurer que ce n’est pas le cas.

- Pilule et hypercholestérolémie

Je prends la pilule depuis environ 5 ans et demi. J’ai changé 4 fois de pilule : j’ai d’abord pris Diane 35 (pour palier à mon acné -ce qui a très bien marché) mais mon taux de cholestérol est monté en flèche ; on m’a ensuite prescrit Minesse (qui a aussi bien agi sur mon acné) mais encore trop de cholestérol ; j’ai ensuite essayé Cérazette  : mon taux de cholestérol a légèrement baissé mais mon acné est revenue.

Mon gynéco m’a alors proposé une alternative : Androcur associé à Oromone, que je prends depuis 3 ans. Or, la prise de ce traitement est assez controversée, et certains médecins me l’ont fortement déconseillé car c’est un traitement lourd et dont on ne connaît pas vraiment les effets secondaires à long terme.

Mon problème est que je fais de l’hypercholestérolémie (à 23 ans !) - héréditaire - et mon gynéco me dit qu’à part Androcur je ne pourrais plus prendre de pilule (agissant sur l’acné et n’ayant pas d’effet sur le cholestérol). Lui me dit que ce traitement ne présente aucun danger mais je ne suis pas très rassurée.

Mon taux de cholestérol tourne autour de 2,65 g/l et le taux le moins élevé que j’ai eu, était de 2,26 g/l (j’ai plus de mauvais que de bon cholestérol). Jusque là je n’ai jamais eu de traitement pour ça, on m’a seulement dit de surveiller mon alimentation ; j’ai pourtant l’impression de ne pas manger trop gras mais je pense tout de même aller voir un diététicien pour avoir un régime approprié. C’est mon père qui a beaucoup de cholestérol et il prend des médicaments ; jusqu’ici il n’a pas eu de complications.
Qu’en pensez-vous ?
A.

A priori, la contraception que vous pouvez utiliser n’a pas d’importance : les pilules ne font monter le cholestérol que de manière marginale (moins si ce sont des pilules progestatives que des pilules oestro-progestatives) et ce cholestérol-là n’a pas d’impact sur votre santé ; le risque pour vous, surtout, c’est celui d’une grossesse non désirée. Je ne crois pas que le traitement par Androcur + Oromone soit vraiment approprié, sinon pour traiter votre acné. Et je crois sincèrement que vous pourriez prendre une pilule faiblement dosée (Minesse, Mélodia, Cycléane 20, Mirlette 20 - ces deux dernières en arrêtant seulement 4 jours entre deux plaquettes, et non 7), qui auront un effet positif sur votre acné, seront contraceptives et n’auront pas d’incidence notable sur votre cholestérol.

Ce qui me surprend, c’est qu’on ne vous ait pas prescrit de traitement... Vous a-t-on dit que ce n’était pas nécessaire pour le moment ? Mais je manque peut-être d’éléments :
Au sujet du cholestérol, voici ce que m’écrit un de mes amis, "Cardiologue de famille" pas interventionniste ni terroriste, comme trop le sont :

"Visiblement en ce qui concerne ta correspondante il ne s’agit pas d’une hypercholestérolémie familiale majeure dans sa forme homozygote, c’est-à-dire 6 g/l et risque d’infarctus à un âge précoce. Ici, peut-être qu’une communication (ou exploration) insuffisante est à l’origine d’une inquiétude injustifiée, je m’explique : on ne traite qu’en fonction des autres facteurs de risque (âge, sexe, tabagisme, HTA, hérédité, obésité, diabètes) :

- si le LDL est supérieur à 1,90 g/l sans facteur de risque,
- à 1,60 g/l s’il existe 1 facteur de risque,
- à 1,30 g/l si 2 facteurs de risque ou plus.

On calcule le LDL de la manière suivante :
LDL = cholestérol total - (HDL + TG/5),

(LDL = mauvais cholestérol, HDL = bon cholestérol, TG = Triglycérides)

Exemple : si le patient a 2,60 g/l de cholestérol total (elle est inquiète) mais 0,60 g/l de HDL (donc assez élevé mais fréquent chez la jeune femme, on voit parfois plus de 1 g/l, ce qui est très protecteur) et 1 g/l de TG, ça lui fait 1,80 g/l de LDL.

Ce qui est donc normal si elle n’a pas de facteurs de risque, ce qui est fréquent aussi à cet âge, ou parfois juste elle fume et elle peut envisager le sevrage plutôt que de prendre un médicament...et encore, c’est pas pressé à son âge, et les règles hygiéno-diététiques marchent bien aussi sur ces petites hypercholestérolémies..."

P.S.

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