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Contraception : questions / réponses 19

3 janvier 2005


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Les sujets abordés cette semaine :
- Témoignage sur le diaphragme
- Comment se préparer à être enceinte ?
- Première prise de pilule
- Le patch Evra
- Retrait du DIU
- Comment ne pas oublier sa pilule ?

- Témoignage sur le diaphragme

Un témoignage et une question, tout d’abord. Agée de 35 ans, sans enfants à ce jour, peu encline à prendre la pilule, j’utilise depuis plusieurs années une méthode contraceptive simple, fiable, super bon marché et réversible en un clin d’oeil. J’ai nommé le diaphragme, oui, ce bon vieux diaphragme qui fleure bon ses années 60. Pour le trouver en France, bon courage ! A ma connaissance, seul le planning familial (bureaux du 10 rue Vivienne, Paris 2 - tel 01 42 60 93 20) en importe d’Angleterre, les conseille et les vend.

Accompagné d’un peu de gel spermicide, le diaphragme se "ventouse" littéralement au col de l’utérus et permet plusieurs rapports d’affilée, contrairement à d’autres moyens locaux. A accompagner d’un préservatif en cas de partenaires multiples, comme toutes les autres méthodes contraceptives d’ailleurs. Bien sûr, il faut connaître un peu son anatomie et ne pas hésiter à y "mettre les doigts", bien sûr le diaphragme n’est efficace que... si on l’a mis (posé sur la table de nuit, il est assez peu utile ; )) et que s’il est à la bonne taille - à déterminer avec la sage-femme ou le gynéco assez cool pour en proposer.

Je n’ai pas (encore) lu votre bouquin ; y parlez-vous du diaphragme ? Qu’en pensez-vous ? Il paraît que les Anglaises et les Américaines s’en servent couramment, pourquoi rien ou presque en France ? Encore un coup des labos fabricants de pilule, qui voient d’un mauvais oeil ce petit objet qui coûte 30 euros et dure des années ?

M.

Je parle du diaphragme dans Contraceptions mode d’emploi, en insistant sur l’essentiel : c’est une méthode très efficace quand on s’en sert correctement. L’utilisation est plus importante en Angleterre et en Amérique parce que le rapport au corps n’y est pas "culpabilisé" comme il le fut, dans les pays latins - dont la France - par la religion catholique. Pour les Anglo-Saxons, le corps n’est pas "sale" ou "impur" (seuls les actes le sont, ce qui est bien suffisant) et poser un diaphragme n’est pas considéré comme un geste inapproprié. La culture est donc plus favorable à cette méthode, d’autant que DIU et pilule ont, entre les années 70 et 90, subi beaucoup d’attaques en Amérique, en particulier (moins en Angleterre).

En France, où les médecins sont beaucoup moins critiqués (et depuis moins longtemps) qu’en Amérique ou en Angleterre, on a fait avaler la pilule à beaucoup de femmes (on leur avait fait avaler du Distilbène 7 ans de plus qu’ailleurs dans le monde)... sans rien leur proposer d’autre, et en arguant que le diaphragme c’est moins efficace. Comme le disent tous les spécialistes non-français de la contraception, l’efficacité "théorique" d’une méthode compte moins que le choix et l’acceptation par la femme, en connaissance de cause. Une pilule qu’on ne tolère pas ou qu’on oublie est moins efficace qu’un diaphragme qu’on utilise bien...

Aujourd’hui, les recommandations officielles de l’ANAES insistent sur le fait que la meilleure contraception, c’est celle que la femme choisit...

Comment se préparer à être enceinte ?
Deuxième point : j’envisage très sérieusement de faire un enfant dans les mois qui viennent. Tout baigne, et le bonhomme, et ma santé en général - enfin débarrassée du tabac, ouf !, et peu de goût pour l’alcool. Après pas mal de recherches sur le web, je constate qu’on ne trouve guère d’infos sur "comment se mettre idéalement en condition avant de concevoir." Moi, je me dis qu’à notre époque, où beaucoup de femmes enfantent passé la trentaine, à un moment choisi et non subi, ce serait bien, tant qu’à faire, de savoir comment s’y préparer, par exemple en terme de...

_ - projet de grossesse et arrêt du tabac (quand ? et quid 6 mois/un ans/deux ans après l’arrêt ?)
- ...et antidépresseurs (arrêter avant, oui mais combien de temps ? et le millepertuis, c’est pareil ou pas ?)
- ...et régime alimentaire (quoi manger idéalement dans les mois qui précèdent la conception) ?
- ...et maladies à avoir eu avant d’être enceinte (celles qui sont bénignes tant qu’on n’attend pas d’enfant, mais graves si on les attrape pendant la grossesse : autant les attraper avant !!), et comment les attraper volontairement ?!?
- y a-t-il des compléments alimentaires (vitamines/sels minéraux) spécifiques à prendre avant ?....

Vu la quantité de tests et d’examens qu’on fait passer aux femmes qui viennent d’apprendre qu’elles sont enceintes, je me dis qu’il y a forcément des trucs à vérifier / faire "avant de mettre la p’tite graine"
M.

Pour les questions que vous posez sur la grossesse, je vais vous faire (comme je le ferais en consultation) des réponses de bon sens :

- projet de grossesse et arrêt du tabac (quand ? et quid 6 mois/un ans/deux ans après l’arrêt ?)

L’idéal, est d’arrêter de fumer dès qu’on est enceinte ou même avant de l’être. On vient de mettre en évidence le fait que la première cause de grossesse extra-utérine n’est plus les infections des trompes à répétition, mais la cigarette... Ensuite, il faut savoir que la nicotine entraîne un rétrécissement des vaisseaux sanguins (de tous les vaisseaux sanguins) de la fumeuse, surtout les tout petits. Or, le placenta (qui ravitaille l’embryon puis le foetus en aliments et en oxygène) est branché sur les tous petits vaisseaux de l’utérus maternel. Quand celle-ci fume, la nicotine ralentit le passage des substances nutritives vers le foetus, ce qui explique les retards de croissance des enfants de fumeuse à la naissance. Il n’est pas nécessaire d’arrêter longtemps avant d’être enceinte, mais il me paraît certainement justifié d’arrêter dès qu’on sait qu’on l’est...

- ...et antidépresseurs (arrêter avant, oui mais combien de temps ? et le millepertuis, c’est pareil ou pas ?)

la plupart des médicaments sont éliminés rapidement de l’organisme, les antidépresseurs le sont aussi. Quand une femme n’est plus sous traitement depuis une semaine, la plupart des médicaments ont tous été éliminés. Une exception notable : l’isotrétinoïne (Roaccutane°, Curacné°, Procuta°) utilisé pour traiter les acnés graves. La réglementation exige que les femmes qui reçoivent ce médicament soient sous contraception efficace (pilule, implant, DIU) instaurée 1 mois avant, pendant et 1 mois après la fin du traitement. Car l’isotrétinoïne peut avoir des effets tératogènes (malformations du foetus) et reste présent dans l’organisme quelques semaines.

Le millepertuis est une plante médicinale réputée (sans grande preuve scientifique) avoir des effets sur la dépression et très populaire chez les usagers des médecines alternatives. Mais elle n’est pas dénuée d’effets secondaires (fatigue, troubles digestifs, sécheresse de la bouche, hypersensibilité à la lumière du soleil) et, surtout, elle interagit avec de nombreux médicaments, ce qui rend son utilisation risquée, a fortiori chez la femme enceinte. Donc oui, si l’on en prend, il faut l’arrêter si possible avant d’envisager une grossesse, et au plus tôt dès qu’on sait qu’on l’est.

- ...et régime alimentaire (quoi manger idéalement dans les mois qui précèdent la conception) ?

Alors là, c’est simple, il n’y a rien d’ "idéal", car l’idée selon laquelle certains aliments sont plus bénéfiques que d’autres n’a jamais été démontrée. Ce qui est bénéfique, c’est que la femme ne souffre pas de malnutrition !!! En France, je dirais que probablement, les femmes sont plutôt trop bien nourries en général et qu’elles n’ont probablement pas de souci à se faire. Si elles mangent normalement (sans faire de régime particulier), à leur faim, des aliments les plus variés possibles, elles courent moins de risque de faire des erreurs que si elles cherchent à toute force à "bien manger". S’il y avait des aliments "idéaux", il y aurait des bébés en "meilleure santé" dans les régions où on s’approche de ce régime "idéal". Or, ce qui permet aux enfants d’être en bonne santé, c’est le fait que leur mère mange à sa faim. Dans les régions où on mange essentiellement du riz ou du manioc et du poisson, les bébés naissent aussi. C’est dans les régions où tout le monde est en malnutrition que ces enfants ne vont pas bien. Mais en France, si on ne vit pas en dessous du seuil de la pauvreté...

- ...et maladies à avoir eu avant d’être enceinte (celles qui sont bénignes tant qu’on n’attend pas d’enfant, mais graves si on les attrape pendant la grossesse : autant les attraper avant !!), et comment les attraper volontairement ?!?

Il y en a deux, essentiellement : la toxoplasmose (une parasitose fréquente chez le chat et transmise par lui) et la rubéole. Pour la rubéole, la vaccination systématique des adolescents l’a fait pratiquement disparaître ; pour la toxoplasmose, on ne peut pas l’attraper "exprès". Souvent, les femmes qui ont grandi avec un chat, à la campagne (en ville, c’est moins vrai, car les chats sortent moins), sont le plus souvent immunisées. La recherche d’une infection ancienne par le toxoplasme est systématique chez la femme qui déclare une grossesse, au cours de la première prise de sang. Sauf si on sait qu’elle est déjà immunisée.

Si elle ne l’est pas, on lui fait une prise de sang mensuelle et on lui conseille de fuir les chats, de bien laver les légumes verts, et de toujours se laver soigneusement les mains si le chat de la voisine lui saute dans les bras, car le toxoplasme est un parasite du tube digestif, qui se transmet de l’anus à la langue du chat (quand celui-ci se "nettoie"), de la langue du chat aux mains de la femme enceinte (quand il les lui lèche) et des mains de la femme enceinte à son estomac (quand elle mange la clémentine qu’elle a épluché sans s’être lavé les mains...

- y a-t-il des compléments alimentaires (vitamines/sels minéraux) spécifiques à prendre avant ?....

Le seul complément qui ait fait ses preuves est l’acide folique (ou vitamine B9) qui prévient certaines malformations (rares) de la colonne vertébrale du bébé ; on n’en donne pas systématiquement, mais surtout aux femmes qui sont susceptibles de manquer d’acide folique, pendant les trois premiers mois de la grossesse.

- Première prise de pilule

J’ai 19 ans ; il y a environ 2 mois je suis allée dans un centre de planification afin de voir un médecin pour obtenir un moyen de contraception (la pilule). Il m’a donné la pilule "Minidril" et m’a dit de la prendre le 1er jour de mes prochaines règles, cependant je n’ai pas eu mes règles depuis (j’ai fait un test, je ne suis pas enceinte). Puis je donc la prendre dès maintenant, attendre encore un peu le temps que mes règles reviennent, ou dois je retourner voir le médecin ? Nous ne sommes pas pressé de délaisser les préservatifs avec mon compagnon mais il est vrai que quand je n’ai pas mes règles c ‘est assez stressant...
A.

Plus tôt vous commencez votre pilule, mieux c’est, que vous règles soient là ou pas. Si vous savez n’être pas enceinte, il n’y a pas d’inconvénient à la commencer tout de suite dès aujourd’hui.
Mais avant de vous passer de préservatifs, il faut que vous la preniez pendant au moins 7 jours d’affilée. Au bout de 7 jours de prise, les ovaires sont "mis en sommeil" par la pilule ; vous pourrez continuer à prendre votre pilule en vous passant des préservatifs.

- Le patch Evra

J’ai 24 ans, je vous écris pour avoir votre avis sur la prescription de ma gynécologue, qui voyant que je ne supportais pas les pilules Moneva, Cycléane 20 ou Harmonet (nausées, vertiges) m’a conseillé d’essayé le patch Evra, qui diffuse de façon plus lente les hormones et ne se prend pas par voie digestive. C’est ma dernière tentative avant le stérilet, m’a-t-elle dit. Qu’en pensez vous ? Je l’ai déjà acheté mais pas encore mis.
J.

Ce que j’en pense est qu’il est légitime d’essayer ; car la tolérance peut être meilleure avec le patch qu’avec les comprimés tout simplement parce que la voie d’administration n’est pas la même. Je ne peux pas vous promettre que vous tolèrerez le patch mieux que la pilule en comprimé, mais c’est possible. Vous ne le saurez qu’à l’usage. Cela étant, le DIU (stérilet) est aussi une bonne solution, puisqu’il n’apporte aucune hormone. Si vous vous en faites poser un je vous conseille d’avoir recours à (de demander à votre gynéco) un UT 380 "short", dont la taille (petite) est appropriée aux femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant (ce qui semble, apparemment, être le cas pour vous).

- Retrait du DIU

J’ai une amie qui vient d’accoucher, nous avons parlé de sa contraception et elle m’a dit ne pas vouloir se faire poser un DIU car on lui a dit que ça faisait très mal lorsqu’on l’enlève car "les chairs se sont reformées autour". Je lui ai dis que cela m’étonnait, que j’avais une amie qui m’avait dit que ça faisait un peu mal (comme des règles douloureuses) au moment du changement. N’ayant pas vraiment de connaissances précises à ce sujet, je lui ai conseillé d’aller voir votre site qui contient pleins d’infos sur les DIU.

J’ai relu toutes les "Questions/réponses" sur le DIU sur votre site et il n’y a pas d’info sur cette "légende" (je suppose que c’en est une) des chairs qui se referment autour du DIU et j’ai pensé qu’il y a peut-être d’autres femmes qui croient ça et qu’il serait intéressant de les détromper.
K.

Vous avez parfaitement raison ! Il n’y a pas de "formation de chair" autour du DIU en place, car il est glissé dans une cavité naturelle : l’intérieur de l’utérus. Il n’y a pas de "chairs" dans l’utérus, mais un tissu humide, similaire à l’intérieur de la bouche, qui tapisse la cavité utérine et se renouvelle tous les mois et s’élimine au moment des règles - c’est ce qui explique que cette cavité, évidemment, ne "colle" pas au DIU. Si le DIU restait "collé" ou "enfermé dans les chairs", il serait effectivement très difficile à retirer. Ce qui n’est jamais le cas.

La douleur (c’est ce que disent les femmes à qui on en pose un) qui peut être ressentie à la pose ou au retrait est une "mini-contraction", une crampe dans le bas-ventre similaire - mais beaucoup moins importante - à ce que l’on ressent pendant les règles ou à une contraction de la grossesse. Quand je retire (ou pose) un DIU, en général, je fais tousser la patiente, activité qui atténue beaucoup cette sensation, car elle "occupe" le cerveau au moment où le DIU franchit le col (l’orifice) de l’utérus. La plupart des femmes à qui je pose ou retire un DIU pour la première fois arrivent avec une certaine appréhension, et se relèvent étonnée de n’avoir pratiquement rien senti (et surtout, ça prend 1 seconde !!!)

Il faut aussi ajouter que la sensation éprouvée à la pose et au retrait du DIU est souvent pratiquement inexistante chez une femme qui a déjà accouché, car le col a été très dilaté au moment de l’accouchement et les fibres nerveuses sensitives sont le plus souvent beaucoup moins sensibles après un accouchement. A noter aussi que beaucoup de médecins posent des DIU ou les retirent après avoir "saisi" le col de l’utérus au moyen d’une pince de Pozzi, une pince qui se termine par des crochets (!!!!), et qui fait le plus souvent très mal.

Or, on peut parfaitement poser des DIU ou les retirer sans utiliser de Pozzi. Personnellement, je n’en utilise pratiquement jamais depuis plusieurs années, sauf quand le col de l’utérus est un peu dévié, pour le remettre dans l’axe - ce qui facilite la pose ou le retrait du DIU. C’est probablement aussi pour cela que les patientes à qui j’ai affaire disent le plus souvent n’avoir pratiquement rien senti. (je le leur demande systématiquement).

- Comment ne pas oublier sa pilule ?

Cela arrive-t-il souvent qu’une femme oublie un comprimé dans la 2ème semaine et que ça n’ait aucune conséquence ? J’ai lu que 92 % des femmes avaient oublié 1 à 5 fois la pilule dans les 6 derniers mois. C’est vrai ?
F.

Oui, un oubli pendant la 2e ou la 3e semaine de pilule n’a aucune conséquence. Et oui, les oublis sont fréquents, car prendre la pilule à heure fixe c’est contraignant. Et toutes les femmes n’ont pas une vie régulière (il y en a qui ont des petits enfants, d’autres un travail posté, etc...) Pour ne pas oublier, elles inventent des petits trucs : faire sonner son téléphone portable à heure fixe (mais ça peut être gênant si on va au cinéma ou dîner chez des amis) ; prendre sa pilule en même temps qu’on fait quelque chose qu’on fait TOUS LES JOURS (se maquiller ou se démaquiller, se brosser les dents, par exemple) ; demander à son ami/amant/mari de vous y faire penser (précaution supplémentaire) ; mettre un post-it sur l’oreiller ... etc.

Mais l’idéal, quand on sait qu’on risque toujours d’oublier, c’est de n’arrêter la pilule que 4 jours entre deux plaquettes (ou pas du tout). Ainsi, le risque de grossesse est quasi nul, même si on oublie un comprimé de temps à autre.

P.S.


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