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Qu’est-ce qu’une médiation ?
"Odyssée", France inter, 13 mars 2003

10 mars 2005

J’ai mentionné le mot "médiation" dans une chronique précédente et plusieurs auditeurs ont demandé à en savoir plus...

La médiation est chose courante dans de nombreux pays du monde, en particulier aux États-Unis, mais aussi en Chine, où elle existe depuis plus de cent ans, car c’est un substitut très bon marché et souvent très satisfaisant à une procédure judiciaire.



Or, en France, la justice est de plus en plus critiquée mais, paradoxalement, on fait de plus en plus appel au juge. Seulement, les procédures à tout bout de champ, ça encombre les tribunaux, ça coûte cher, ça dure longtemps, ça canalise des énergies précieuses, bref, ça n’est pas très constructif et on peut être sûr que la décision va mécontenter au moins l’une des parties, sinon toutes. Car une décision imposée fait souvent mal. Et, comme je l’ai entendu dire par un juge « La justice n’apaise pas la colère, n’éteint pas la rancune et ne répare pas l’amour » !

La médiation, en revanche, est un processus de résolution des conflits par les parties elles-mêmes. C’est « un processus par lequel un tiers neutre tente, à travers l’organisation d’échange entre des parties, de permettre à celles-ci de confronter leurs points de vue et de rechercher avec son aide, une solution au conflit qui les oppose. » C’est la définition que j’ai trouvée sur le site www.mediation-net.com.

La médiation consiste d’abord à laisser s’exprimer les points de vue de tous, puis à trouver les points sur lesquels les adversaires sont d’accord (il y en a souvent, mais ils sont masqués par le conflit), puis enfin à reconstruire une relation à partir de ces points communs et à trouver un accord qui sera accepté par tous et qui satisfera tout le monde. En France, la médiation est un processus qui a bientôt trente ans puisque le premier médiateur de la République a été nommé en 1973.

Le médiateur de l’éducation nationale dont j’ai parlé dans la chronique précédente existe depuis 1994, la médiation civile (pour les conflits relevant du code civil) date de 1995, et la médiation familiale de 2001. Les champs de la médiation sont multiples, car les conflits le sont aussi. On peut être amené à avoir recours à une médiation lors d’un conflit avec une institution (l’hôpital, l’éducation nationale, un ministère, la sécurité sociale), à l’intérieur d’une entreprise, ou encore dans les situations de divorce ou de litige sur l’autorité parentale, de conflits familiaux, de conflits de voisinage, etc.

Comment se passe une médiation ? En cas de conflit au tribunal civil, entre deux citoyens, par exemple, le juge peut ordonner une médiation afin de concilier les deux parties. Notez bien cependant que, pour qu’il y ait médiation, il faut que les deux parties soient d’accord.
Qui sert de médiateur ? C’est variable. Cela peut être une personne désignée par le juge. Cela peut être un médiateur travaillant au sein d’une association de médiation agréée. Il existe plus de 200 associations de ce genre en France et une cinquantaine ont signé une convention avec le tribunal de grande instance de leur région. L’existence de ces associations permet d’avoir recours à une médiation sans aller devant un juge : en cas de conflit, une des deux parties peut ainsi se rendre chez le médiateur et lui demander de rentrer en contact avec l’autre pour organiser une rencontre.

Le médiateur lui-même n’a pas de « profil type ». Tout le monde n’est pas d’accord pour dire si cela doit être un bénévole travaillant de manière désintéressée ou un professionnel rémunéré, mais dans un cas comme dans l’autre, il doit être doté de qualités qui lui permettent d’aider les personnes en conflit d’identifier ce qui les sépare et ce qui les rapproche, et de les aider à trouver des solutions qui seront d’autant plus satisfaisantes qu’elles les auront trouvées elles-mêmes.

Le médiateur est tenu à l’obligation de secret à l’égard des tiers. Les déclarations qu’il recueille ne peuvent être ni produites ni invoquées dans la suite de la procédure sans l’accord des deux parties. Elles ne peuvent en aucun cas être utilisées contre l’une des parties dans une autre instance. Et le médiateur ne décide pas pour les parties, il les aide seulement à trouver et à formuler un accord ; c’est ensuite le juge qui homologue l’accord, lequel tient lieu de décision.

Les associations de médiations estiment actuellement que près de 80 % des conflits qui leur sont soumis trouvent une solution. Ca mérite donc d’être essayé. Si vous voulez connaître les coordonnées d’une association de médiation proche de chez vous, vous les trouverez dans les pages jaunes, mais le greffe du tribunal le plus proche, un avocat ou un notaire peuvent également vous les indiquer.

Pour en savoir plus :

La Médiation, Michèle Guillaume-Hofnung, « Que sais-je ? », PUF 2001
Médiation, Jean François Six, Véronique Mussaud, Le Seuil, 2002.
La médiation familiale, Coll Essentialis, Ed. MORISSET.

http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/Mediation.html
http://www.mediation-net.com/section.php?node=27
http://www.mediationfamiliale.asso.fr




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