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Le médecin patraque

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel. Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.




Lire le 1er épisode du "Médecin Patraque"



Le médecin patraque, 12
La santé ou la vie ?
Un médecin raconte son cancer... - 26 février 2011

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Voilà maintenant quatre mois que ma chimiothérapie est terminée, que je suis censé être guéri sauf récidives, et que je suis entré dans le stade d’un contrôle tous les trois mois...ce qui m’amène à un certain nombre de découvertes.

D’abord, que rien ne sera plus jamais comme avant ; la conscience définitive du côté provisoire de ma (sur)vie relativise beaucoup l’intérêt que je portais à mes activités, désormais toutes marquées d’un irréversible « À quoi bon ? », qui semble vider toute chose de son contenu ; certes, je continue, parce que les automatismes sont toujours là ; mais je me trouve dans la situation d’un fin gastronome soudain atteint d’agueusie (perte du goût), qui continue à aller au restaurant mais ne peut plus faire la différence entre un Château-Pétrus et un gros rouge qui tâche. On peut considérer cela comme une lucidité bien tardive, parce qu’effectivement, dans l’absolu, mes activités n’avaient aucune importance ; mais il est difficile de vivre sans illusions.

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Le médecin patraque, 11
La situation peu enviable de ceux qui n’ont pas le moindre cancer
Un médecin raconte son cancer... - 17 février 2011

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Très difficile, pour un cancéreux, de mettre à l’aise son entourage (en dehors du cas particulier, déjà évoqué, de ma femme) ; il doit chercher à l’ aider, pour mettre fin à des situations fausses difficilement supportables pour tout le monde, mais les solutions ne sont pas évidentes.

Pour les enfants, j’ai carrément (et lâchement ?) délégué à ma femme ; je sais qu’ils l’appellent tous les jours, et qu’elle leur fait des rapports détaillés ; si bien qu’avec moi, ça se limite à « comment ça va ? pas trop dur, la chimio ? » , puisqu’ils savent déjà tout, que je sais qu’ils le savent, qu’ils savent que je le sais, etc. ; mais je ne me sens ni l’énergie, ni la volonté, ni la capacité de faire un rapport quotidien détaillé sur mon évolution physique et psychologique à chacun des quatre, je préfère discuter avec eux d’autres sujets...Les cancéreux sont des gens pleins de bonne volonté, mais il ne faut pas en abuser.

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Le médecin patraque, 10
La version de ma femme
Un médecin (et sa compagne) raconte son cancer... - 6 février 2011

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Cette fois-ci, c’est sa compagne qui prend la parole.


Pour moi l’inquiétude a commencé bien avant .... Une petite altération de l’état général , petite asthénie , un teint que je trouvais mauvais...et surtout une impression de peu de désirs projetés dans le futur , pas de vision , pas d’envie .
Le scanner , une promesse : je le ferai en janvier 2010 , le 29 janvier , on pouvait difficilement le faire plus tard .(1)
Après le coup de massue , un dîner d’angoisses et de regrets ; j’ai beaucoup admiré la succession rapide des examens et des décisions et le fait d’en parler , avec moi et avec nos amis .

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Le médecin patraque, 9
« Madame, le cancer de Monsieur est servi ».
Un médecin raconte son cancer... - 24 janvier 2011

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PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Difficile d’évoquer la question fondamentale du vécu de mon cancer avec ma femme sans empiéter sur sa personnalité et son vécu à elle, ce que je ne me sens pas le droit de faire et ne ferai donc pas.

Disons simplement -car il faut bien expliquer le type de relations dans laquelle ce cancer s’est invité- que nous sommes une « famille recomposée », mariés depuis 38 ans ; que nous vivons maintenant les deux seuls, ce que nous apprécions beaucoup (1) ; que nous avons toujours eu, et que nous continuons à avoir depuis que nous sommes retraités, une grande part d’ activités communes correspondantes à nos centres d’intérêts communs, mais aussi une part d’activités séparées correspondantes aux goûts et à la personnalité de chacun, ce qui nous permet d’avoir beaucoup de choses à nous raconter, mais aussi de regarder celles de l’autre avec une salutaire distanciation à la fois complice, admirative et ironique (« tu passes sur quelle chaîne de télé, cette semaine ? » « tu as été élue présidente de combien d’associations, cette semaine ? ») ; et que nous fonctionnons non pas sur le « non-dit », mais sur le « tout dit sans sujets tabous, mais en peu de mots lorsque c’est grave », partageant la même horreur du pathos, et nous connaissant assez bien pour deviner nos états d’âme sans avoir à les étaler aussi longuement qu’inutilement.

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Le médecin patraque, 8
« C’est une maladie, vous êtes médecin, vous ne pouvez pas comprendre ».
Un médecin raconte son cancer... - 18 janvier 2011

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


S’il y a bien quelque chose qui me dépasse, c’est mon comportement en tant que médecin vis-à-vis de mon cancer ; incapable de l’analyser, je ne peux que le décrire.

Ce n’est ni le comportement du médecin qui cherche à accumuler le plus de données objectives sur sa maladie, ni celui du malade qui préfère ne rien savoir et faire confiance à ceux qui le soignent, ni quelque chose entre les deux : c’est les deux à la fois.

En consultation, je pose beaucoup de questions, notamment sur le pronostic ; je cherche à comprendre un maximum de choses ; je retiens à peu près tout ce qu’on me dit, bien que ce soit totalement nouveau pour moi : sur la classification des cancers, sur les données statistiques, , sur les études randomisées (j’ai d’ailleurs accepté de participer à deux d’entre elles, sur l’intérêt du PET-scan et sur celui des marqueurs biologiques), sur le temps que mettront mes troubles iatrogènes à s’atténuer, etc.

Mais, une fois chez moi, je ne fais jamais la moindre recherche pour vérifier ou compléter ce qu’on m’a dit ; je n’ai pas tapé une seule fois « cancer du colon » sur Internet, je n’ai cherché aucun article ni aucun livre sur la question, je ne me suis même pas prescrit une NFS pour savoir à quel rythme elle se normalisait (importantes anémie et baisse des plaquettes dues à la chimio)en dehors des dates de mes examens biologiques programmées dans l’établissement où je suis soigné.

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Le médecin patraque, 7
« Ne vous en faites pas, mon vieux : cancer ou pas, au point où vous en êtes... »
Un médecin raconte son cancer... - 7 janvier 2011

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Avec un recul de près d’un an depuis que mon cancer a été décelé, je prends progressivement conscience de l’absurdité de le considérer « en soi », hors tout contexte, comme je l’avais fait au début.

Vers la cinquantaine, j’ai dû abandonner le tennis, auquel je jouais été comme hiver au moins deux fois par semaine, parce que j’ai commencé, une fois sur trois, à me faire des claquages du mollet, malgré toutes les précautions (terrains en terre battue uniquement, échauffement, garder le pantalon du survêtement...) ; un ami médecin du sport m’a dit qu’il n’y avait rien à faire, que c’était l’âge ; je lui ai dit que j’allais essayer de continuer, il m’a répondu « qu’est-ce que tu essaies de prouver ? » ; j’ai donc abandonné, et je l’ai très mal vécu, car j’avais conscience d’abandonner définitivement, pour la première fois de ma vie, quelque chose d’important pour moi . Depuis, d’autres choses ont suivi ; il est certes banal de changer d’activités : ce qui l’est moins, c’est d’avoir conscience que chaque abandon (contraint, et non choisi) est définitif.

Vers la soixantaine, comme presque tout le monde, je suis devenu presbyte et j’ai dû porter des lunettes, d’abord uniquement pour lire, puis en permanence lorsqu’un astigmatisme et une hypermétropie s’y sont ajoutés : première prothèse de ma vie. Depuis, d’autres ont suivi (implants dentaires, et, depuis peu, prothèse auditive) ; je ne suis certes pas encore totalement prothétique, mais...

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Le médecin patraque, 6
"J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : vous êtes guéri !"
Un médecin raconte son cancer... - 27 décembre 2010

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Et maintenant, j’en suis à un stade très étrange : j’ai été opéré, j’ai fini ma chimiothérapie, et je suis censé « être guéri ». Seulement, voilà, en matière de cancer, le terme de guérison n’a pas du tout le même sens que dans les autres maladies. ..au contraire.

Une guérison, ça signifie, le plus souvent, qu’on peut tourner la page et tout oublier ; et même parfois (certaines maladies infectieuses) qu’on est immunisé contre les récidives.

Pour le cancer, au contraire, une fois « guéri », on est condamné à vivre éternellement avec l’épée de Damoclès de la récidive, qui peut se produire n ‘importe quand, dans quinze ans comme dans trois mois ; et cette récidive est d’un pronostic bien plus sombre que la manifestation initiale dont on est « guéri » ; elle témoigne de l’inefficacité relative des traitements classiques qu’on a subis, et oblige le plus souvent à passer à d’autres traitements, plus lourds et plus expérimentaux.

Et ma vie sera désormais rythmée par les contrôles systématiques que j’aurai à subir tous les trois mois pour rechercher une récidive ( scan ou PET-scan, échographies, marqueurs biologiques, etc.), et qui m’empêcheront de croire que « je suis guéri » ; d’ailleurs, le cathéter laissé en place pendant deux ans au moins est là pour me rappeler à la réalité si j’avais tendance à l’oublier.

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Le médecin patraque, 5
"Un cancer, ce n’est vraiment embêtant que s’il est traité."
Un médecin raconte son cancer... - 23 décembre 2010

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Bernard Giraudeau, Michael Douglas, tous ceux qui sont passés par là en sont d’accord : l’ennemi, dans le cancer, c’est la chimiothérapie ; ce qui rejoint ma propre expérience.

Je ne parlerai ni des interventions chirurgicales à répétition, ni de la radiothérapie, n’ayant pas eu (encore ?) à les subir, mais uniquement de mon vécu : une chimiothérapie de six mois, après une intervention chirurgicale sans problèmes.

Passons rapidement sur cette dernière, en précisant :

 que j’ai très vite récupéré, parce qu’elle a pu être réalisée par cœlioscopie (utilisation d’une petite caméra et d’instruments de chirurgie adaptés, introduits dans l’abdomen à travers de toutes petites incisions),

 que le chirurgien m’avait précisé que la cœlioscopie n’était pas une fin en soi : le but était de tout enlever, et, qu’à la moindre difficulté, il procéderait à une laparotomie (ouverture large de l’abdomen).

Bien sûr, il y a différentes chimiothérapies, dont les tolérances ne sont pas les mêmes ; bien sûr, les tolérances d’une même chimiothérapie sont différentes d’un individu à l’autre ; mais, pour paraphraser La Rochefoucauld parlant du mariage : « Il y a de bonnes chimiothérapies ; mais il n’y en a point de délicieuses ».

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Le médecin patraque, 4
Un hôpital qui fonctionne normalement, ce n’est pas tout à fait impossible.
Un médecin raconte son cancer - 18 décembre 2010

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Tout cancéreux, une fois son diagnostic posé, se trouve confronté à la question : dans quel hôpital aller me faire soigner ?

J’ai assez vite compris (avantage d’être médecin, même quand on s’aventure dans un domaine de la médecine sur lequel on ignorait tout) que la cancérologie est une branche de la médecine exceptionnellement bien standardisée, dans laquelle à tel type et stade de cancer correspondrait tel traitement, et où il n’y aurait pas de différences majeures selon les service que je choisirais.

Je n’accorde aucun crédit aux « classements des hôpitaux et cliniques » publiés par les magazines, car je sais qu’ils ne peuvent pas répondre à la seule question qui vaille : « où ce traitement est-il le mieux appliqué ? », c’est-à-dire : « où les résultats sont-ils les meilleurs, avec le même traitement ? » faute de disposer d’indicateurs de résultats...parce que de tels indicateurs n’existent pas en France, à quelques rarissimes exceptions près (taux d’infections nosocomiales, par exemple).

J’ai donc décidé de faire le choix de l’ hôpital traitant le plus grand nombre de cancers (45 000 par an environ), sachant très bien - n’en déplaise aux défenseurs des « petits hôpitaux de proximité » - qu’en médecine, on ne fait bien que ce que l’on fait souvent, qu’on le fait d’autant mieux qu’on le fait plus souvent, qu’à compétences égales c’est l’expérience qui fait la différence, et qu’un très grand débit constitue une garantie d’une grande expérience.

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Le médecin patraque, 3
Ouf : j’avais peur, mais ce n’est qu’un cancer !
13 décembre 2010

Le médecin patraque est un médecin écrivain de grande expérience. Sa dernière expérience en date : un cancer. Il nous en parle à tous, médecins et non-médecins. MW
PS : Oui, c’est un médecin réel (et non, ce n’est pas moi) Son pseudonyme est destiné à lui permettre de prendre du champ.


Comment rassurer un cancéreux ? La question n’a sans doute pas de sens, car il n’est pas évident qu’il soit possible, ni même utile, de rassurer à tout prix quelqu’un qui se trouve dans une situation qui n’a rien de rassurant, et nous avons déjà vu (chronique 1) que mentir, ne serait-ce que par dissimulation ou atténuation d’une part de la vérité, aura l’effet inverse, surtout sur un médecin ; disons plutôt « tenter d’aider à vivre sans angoisse une situation plus ou mois (selon les cas) mais toujours angoissante ». Là encore, ce que je dirai ici ne s’applique peut-être qu’à ma personnalité, mais je ne peux pas parler au nom des autres.

Ecartons tout de suite les cas extraordinaires que tout un chacun, médecin ou pas, s’est cru obligé de me raconter, avec les meilleures intentions du monde, de gens ayant eu des cancers très évolués et métastasés, et qui mèneraient aujourd’hui une vie tout à fait normale, feraient du sport de haut niveau, etc. ; tout juste s’ils ne donnent pas des concerts de piano à Pleyel alors qu’avant leur cancer, ils ne savaient pas en jouer : même si ces histoires sont authentiques, on se doute quand même, sans être cancérologue, qu’elles ne sont pas la règle... D’où, effet inverse garanti de celui qu’on recherchait.

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